Les cours du pétrole sont nettement retombés lundi, sans pour autant effacer totalement leur rebond massif de la précédente séance, dans un marché qui subissait le coup de nouveaux éléments sur l'excès d'offre et une demande mondiale incertaine.

Le cours du baril de « light sweet crude » (WTI) pour livraison en mars a perdu 1,85 dollar à 30,34 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Le marché pétrolier revient ainsi sur environ la moitié de son bond spectaculaire de vendredi, qui l'avait vu prendre quelque 10 % et qui avait lui-même suivi une chute à des niveaux historiques depuis le début de l'année.

« On avait surtout assisté à des mouvements spéculatifs après une chute à des niveaux sans précédent depuis 12 ans », mais « cette semaine s'ouvre avec plusieurs éléments qui ont réveillé les inquiétudes à l'origine de cette chute », a résumé Gene McGillian, de Tradition Energy.

Peu d'observateurs jugeaient le marché pétrolier en mesure de se relancer durablement, à la fois face à la surabondance générale d'or noir, que ce soit des États-Unis, de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) ou de Russie, et aux doutes sur la demande, notamment chinoise.

Sur le premier plan, « la compagnie pétrolière publique saoudienne va continuer à financer ses projets sans aucune réduction de ses investissements », a noté M. McGillian.

Aramco a assuré lundi avoir réussi à maintenir ses investissements par la limitation de nombreuses autres dépenses, « simplement en réduisant les coûts ».

Cette attitude ne laisse pas entrevoir de resserrement du marché, comme Riyad est l'acteur dominant de l'OPEP, qui a contribué à faire plonger les prix encore plus avant fin 2015, en renonçant à se fixer des objectifs chiffrés de production.

« Il semble peu probable qu'il y ait un accord avec les producteurs extérieurs à l'OPEP, et une réunion d'urgence du cartel ne ferait qu'affaiblir le marché s'il n'y a pas de ''volonté de changement'', comme l'a souligné le ministre iranien du Pétrole, [Bijan Namdar] Zanganeh », a rapporté Tim Evans, de Citi, faisant allusion à des déclarations tenues lors du week-end.

Sur le plan de la demande, les analystes ne voyaient pas plus d'actualité encourageante.

« Les inquiétudes sur l'économie chinoise ont été relancées par l'annonce d'un déclin de la consommation de diesel » en décembre, a noté M. McGillian.

Ce chiffre a baissé pour le quatrième mois de suite, ce qui est de mauvais augure pour l'activité industrielle de la Chine, premier pays importateur de pétrole.

« La question, c'est désormais de savoir si on va encore baisser et retomber à des plus bas historiques... Et pour le moment, rien ne semble pouvoir empêcher cela », a conclu M. McGillian.