L'industrie minière du Québec, qui pensait il n'y a pas si longtemps de manquer de main-d'oeuvre, a maintenant l'embarras du choix pour recruter. L'entreprise Stornoway en a fait l'expérience récemment, alors qu'un millier de personnes se sont déplacées jusqu'à Chibougamau pour une centaine d'emplois à pourvoir sur le chantier de sa mine de diamants.

«J'ai été estomaqué par la participation des gens», relate Patrick Godin, vice-président et chef de l'exploitation de Stornoway, dans un entretien avec La Presse Affaires.

L'affluence est d'autant plus surprenante que l'entreprise avait annoncé sa séance de recrutement seulement dans l'hebdo local, afin de donner la priorité aux gens du coin.

Les chercheurs d'emploi sont arrivés de partout, selon Patrick Godin. De l'Abitibi, de la Côte-Nord, de Montréal et de Trois-Rivières. «Beaucoup de gens sont venus de très loin, dit-il. Ça démontre l'intérêt que les gens ont pour le projet, et j'en suis très fier. Mais ça indique aussi que le contexte économique est difficile.»

Salle trop petite

La salle du club de golf de Chibougamau qui avait été retenue pour l'occasion s'est évidemment avérée trop petite pour accueillir tout le monde. Une longue file d'attente s'est donc étirée dehors par un froid mordant de - 30 °C.

La séance de recrutement devait durer de 13h à 20h, mais les entrevues se sont déroulées jusqu'à 2h du matin. En tout, 697 candidats sont passés à travers le processus à Chibougamau, et 208 autres à Mistissini quelques jours plus tôt. Le site internet de l'entreprise a aussi été pris d'assaut pendant cette période.

La bonne nouvelle pour Stornoway, c'est qu'elle a pu se constituer une banque de candidats, convient son vice-président. L'entreprise, qui construit la première mine de diamants du Québec à 350 kilomètres au nord de Chibougamau, aura besoin de 500 personnes à l'ouverture de la mine, prévue pour 2016.

Les travaux préliminaires à l'ouverture de la mine se poursuivent selon l'échéancier et le coût prévu, a précisé M. Godin.

Le projet Renard de Stornoway est un des rares projets miniers en développement au Québec. La mine Raglan, qui exploite le nickel dans le nord du Québec, embauche aussi pour poursuivre son expansion. Mais Glencore, propriétaire de Raglan, a quand même dû reporter certains investissements à cause de la faiblesse du prix du nickel.

Récemment, Cliffs Natural Resources a mis fin aux activités de sa mine de fer du lac Bloom, sur la Côte-Nord, où près de 600 personnes trouvaient de l'emploi.

En 2013, le secteur minier générait 45 000 emplois directs et indirects, dont 19 273 en production minière, selon des données de l'Association minière du Québec. Les données pour 2014 ne sont pas encore disponibles.

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STORNOWAY DIAMOND CORPORATION

Principaux actionnaires:

> Investissement Québec: 28,64%

> Orion Mine: 24,79%

> Franklin Resources: 4,10%

Projet Renard

Le projet diamantifère Renard est situé à 350 kilomètres au nord de Chibougamau. Il s'agira d'une mine à ciel ouvert et souterraine.

> Investissement: 1 milliard

> Statut: en construction

> Production prévue: 1,6 million de carats par an

> Début du traitement du minerai: 2016

> Emplois prévus pendant la production: 500

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INVESTISSEMENTS EN BAISSE

Depuis le record établi en 2012, l'investissement minier est en baisse dans les régions minières en Abitibi, sur la Côte-Nord et dans le nord du Québec.

Investissements miniers au Québec

2012: 5,1 milliards

2013: 4,6 milliards/-10,8%

2014: 2,9 milliards/-36,0%*

*prévisions