À partir du début de l'année prochaine, l'aluminerie d'Alcoa à Baie-Comeau commencera à produire des plaques d'alliage spécifiquement destinées à l'industrie automobile.

Il s'agit d'un premier pas pour une usine québécoise dans ce nouveau marché en pleine croissance. «Nos alumineries sont en train d'être transformées pour être en lien avec le secteur automobile», explique Martin Brière, président, Groupe Produits primaires, Canada et Afrique, d'Alcoa, lors d'un entretien avec La Presse Affaires en marge de la Conférence internationale de l'aluminium.

Baie-Comeau est la seule des trois usines d'Alcoa au Québec qui sera transformée pour répondre à la demande de l'industrie automobile. Sa situation géographique, surtout, est un avantage pour exporter vers ces nouveaux marchés, explique Martin Brière.

Des investissements de 25 millions de dollars sont en cours dans la fonderie de l'usine pour l'adapter à la fabrication des plaques, des produits nouveaux qui sont faits d'alliage spécifique.

L'industrie de l'aluminium primaire est en surcapacité de production, ce qui maintient les prix bas sur les marchés, tandis que le secteur de produits transformés ne suffit pas à répondre à une demande nourrie par les constructeurs automobiles.

Alcoa est la seule entreprise d'aluminium intégrée, de la mine au lingot jusqu'au produit fini, depuis que Rio Tinto Alcan s'est départie de ses activités de fabrication industrielle. Novelis, un fabricant d'aluminium en feuilles qui était associé à Alcan avant son achat par Rio Tinto, a fermé sa seule usine au Québec en 2012.

Vers les batteries

Au Québec, l'usine d'Alcoa à Baie-Comeau est aussi bien positionnée pour fournir les composantes de la batterie conçue par son partenaire, l'entreprise israélienne Phinergy. «Baie-Comeau a une longueur d'avance», affirme Martin Brière. L'usine pourrait fabriquer les plaques de 20x20x1 centimètres qui composent cette batterie capable de propulser une voiture avec l'énergie emmagasinée dans l'aluminium.

Il s'agit d'un projet à plus long terme, selon le dirigeant d'Alcoa, qui est toutefois très optimiste. «Des discussions sont en cours avec le gouvernement du Québec sur la possibilité de fabriquer au complet la batterie de Phinergy», dit-il.

L'énergie verte, disponible en quantité, est un facteur-clé dans la fabrication d'un produit comme celui que Phinergy veut commercialiser, explique Martin Brière, et la volonté du gouvernement québécois de se tailler une place dans le créneau du transport électrique pourrait faciliter les choses.

Le marché européen

Un des invités de la Conférence sur l'aluminium était l'ancien premier ministre Pierre Marc Johnson, qui a négocié pour le Québec l'Accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.

Si cet accord donne accès à un marché d'un milliard de consommateurs, les producteurs d'aluminium du Québec ne prévoient pas le pactole.

Alcoa, par exemple, ne pense pas que l'accord aura une incidence pour ses usines québécoises. «Le Québec produit surtout des lingots, qui coûtent cher à transporter sur de longues distances. Et on a des usines en Europe pour approvisionner ce marché», dit le dirigeant.

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Accord avec les États du golfe Persique

L'Association de l'aluminium du Canada (AAC) a conclu une entente de collaboration et d'échanges avec le Gulf Aluminium Council, qui représente les producteurs d'aluminium des pays du golfe Persique.

L'entente a été ratifiée hier par Jean Simard, de l'Association de l'aluminium du Canada, et Mahmoud Daylami, du Gulf Aluminium Council. Elle vise à renforcer les liens existants entre les producteurs d'aluminium et leurs fournisseurs et à encourager la recherche-développement.

L'AAC a seulement trois membres: Rio Tinto Alcan, Alcoa et le consortium international Alouette géré par Rio Tinto Alcan.