Les deux plus grands producteurs d'or dans le monde, le canadien Barrick Gold et l'américain Newmont, ont annoncé lundi avoir discuté d'une fusion ces derniers mois, sans parvenir à s'entendre.

«Bien que Barrick pense que l'intérêt des actionnaires serait servi au mieux par l'aboutissement de cette union d'activité, le conseil d'administration de Newmont a estimé que les intérêts des actionnaires de Newmont étaient mieux défendus en restant indépendant», a indiqué Barrick dans un communiqué.

Dans un communiqué séparé, Newmont a imputé l'échec des négociations, en cours depuis «plusieurs mois», au co-président et fondateur de Barrick, Peter Munk, lui reprochant de ne pas avoir eu une «attitude constructive» ces «deux dernières semaines».

Peter Munk, 86 ans, avait notamment qualifié Newmont la semaine dernière de société «extrêmement bureaucratique et inamicale envers ses actionnaires», a rappelé l'américain en rendant public le contenu d'une lettre que son conseil d'administration a adressée à celui de Barrick vendredi.

C'est M. Munk, lui-même, qui a signifié au conseil de Newmont jeudi que le processus de rapprochement entre les deux groupes était «mort», affirme l'américain dans cette lettre.

Barrick a répliqué lundi après-midi en expliquant que c'est Newmont qui avait fait capoter la fusion en revenant sur les termes d'un accord qui avait été négocié et signé par les parties le 8 avril.

Plusieurs divergences

Newmont, selon un communiqué de Barrick, remettait en cause trois points de l'accord: celui précisant que le siège social du nouvel ensemble serait situé à Toronto, un autre identifiant les actifs devant faire l'objet d'une cession subséquente à des tierces parties et, enfin, un dernier éclaircissant le rôle et les responsabilités des trois principaux dirigeants de la future entreprise.

Des informations de presse avaient évoqué le projet de fusion la semaine dernière, mais les groupes n'avaient pas commenté.

Avec cette fusion en vue, les investisseurs avaient pris des positions en bourse. Lundi, l'échec des négociations a fait baisser nettement le cours des titres Newmont (-6,5% à 24,72 dollars) et Barrick (-3,2% à 17,35 dollars).

Une éventuelle fusion entre le canadien, premier producteur mondial d'or, et l'américain aurait donné naissance à un géant pesant plus de 30 milliards de dollars en Bourse. À eux deux, Barrick et Newmont ont produit plus de 12 millions d'onces d'or en 2013.

Un mariage leur aurait aussi permis d'importantes synergies, estimées à au moins 500 millions de dollars chaque année, selon des analystes, en raison de la proximité des mines que chacun exploite notamment dans l'État américain du Nevada (ouest).

Ce n'est pas la première fois que les deux groupes tentent de fusionner, mais n'y parviennent pas.

Newmont (or et cuivre) a réalisé un chiffre d'affaires de 1,76 milliard de dollars au premier trimestre (contre 2,19 milliards un an plus tôt), et dégagé un bénéfice net de 100 millions de dollars (contre 314 millions un an plus tôt).

Barrick doit publier ses résultats trimestriels mercredi. En 2013, il a vécu une année noire avec une perte de 10,4 milliards de dollars pour un chiffre d'affaires de 12,5 milliards de dollars.

Les deux groupes sont confrontés à une montée de leurs coûts de production, au moment où le cours de l'or a fondu de 30% depuis le pic atteint à la fin de 2011.

Dans le même secteur, le deuxième producteur d'or canadien, Goldcorp, a essuyé un revers en début de mois avec l'échec de son OPA hostile sur le producteur Osisko, finalement acquise par deux autres acteurs canadiens des mines, Yamana et Agnico Eagle.