Pour la première fois, un ministre du gouvernement sortant a remis en question, hier, l'intérêt pour le Québec de participer à une Bourse du carbone qui n'a qu'un autre participant: l'État de la Californie.

«Il faut faire un bilan d'abord avant de se positionner», a soutenu la ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, à l'occasion d'un débat sur les enjeux énergétiques organisé par la Fédération des chambres de commerce du Québec.

«C'est un outil pour réduire les gaz à effet de serre, mais à deux, c'est plus difficile», a expliqué la ministre. Des outils, il y en a d'autres, a-t-elle ajouté, citant l'efficacité énergétique et la stratégie des transports électriques mise de l'avant par son gouvernement.

La Bourse du carbone est une initiative du gouvernement de Jean Charest, mais elle a été poursuivie avec enthousiasme par le gouvernement Marois. Ce dernier comptait sur cette Bourse pour réaliser la moitié de sa cible de réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre du Québec.

Hier, le porte-parole de la Coalition avenir Québec, François Bonnardel, a plaidé pour la mise en veilleuse de ce projet qui fera augmenter le coût de l'essence et du gaz naturel au Québec et nuira à la compétitivité des entreprises.

Pour Jacques Daoust, candidat du Parti libéral du Québec, il n'est pas question de renier la Bourse du carbone. «Je pense que d'autres législations pourraient y participer, et on va travailler pour aller chercher des partenaires», a-t-il dit.

PRINCIPAUX ENGAGEMENTS

Parti québécois

1. Investir 115 millions de fonds publics dans l'exploration pétrolière à l'île d'Anticosti et devenir majoritaire dans l'exploitation de la ressource en cas de découverte.

2. Continuer d'encourager l'industrie éolienne même s'il y a d'importants surplus d'électricité.

3. Utiliser les surplus d'électricité pour encourager des investissements avec des tarifs réduits.

«Nous avons beaucoup de questions sur le projet de pipeline de TransCanada Energy parce que le pétrole ne servira pas aux raffineries du Québec», affirme Martine Ouellet.

Parti libéral du Québec

1. Relancer le Plan Nord.

2. Partager les redevances pétrolières et gazières avec les municipalités.

3. Continuer à développer l'hydroélectricité.

«On continue de développer l'hydroélectricité parce que les surplus sont une opportunité de développer de la richesse. Quand on exporte pour 1$ d'aluminium, on exporte 25 cents d'électricité», estime Jacques Daoust.

Coalition avenir Québec

1. Limiter les hausses de tarifs d'électricité au taux d'inflation.

2. Cesser de subventionner l'industrie éolienne en Gaspésie.

3. Exploiter les ressources naturelles, y compris le pétrole et le gaz de schiste.

«Ça nous prend un projet-pilote pour le gaz de schiste, dit François Bonnardel. Si on le fait partout ailleurs, on est capable de le faire au Québec.»

Québec solidaire

Québec solidaire est le seul parti à prendre les changements climatiques au sérieux et à proposer une stratégie pour faire face à ce défi, dit Richard Fecteau, recherchiste de Québec solidaire.

1. Abandonner le pétrole comme source d'énergie d'ici 15 ans.

2. Investir dans le secteur éolien et créer Éole-Québec.

3. Stopper la construction du complexe hydroélectrique La Romaine.

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L'AVIS D'UN EXPERT

La Coalition avenir Québec est le parti qui tient le discours le plus cohérent, compte tenu des enjeux énergétiques du Québec, estime Sylvain Audette, professeur à HEC Montréal et membre de la Chaire de recherche en gestion du secteur de l'énergie. C'est aussi un parti qui n'a que peu de chances de former le prochain gouvernement. «Il n'a pas le même carcan politique que les libéraux ou les péquistes», dit-il. Sur la Bourse du carbone, la position de Martine Ouellet lui semble être une bonne stratégie qui lui permet de gagner du temps sans déplaire aux environnementalistes.