Les cours du pétrole ont terminé en légère hausse jeudi à New York, le marché restant prudent après la diffusion de données contrastées sur la Chine et les États-Unis et face à la persistance des tensions en Ukraine.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en avril, qui avait chuté de plus de trois dollars au cours des deux séances précédentes, a grignoté 21 cents sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 98,20 dollars.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour la même échéance a terminé à 107,39 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 63 cents par rapport à la clôture de mercredi, son niveau le plus faible en cinq semaines.

Les cours du brut américain ont été tiraillés entre les indicateurs en provenance des deux plus grands consommateurs mondiaux de pétrole, la Chine et les États-Unis.

Tout comme les statistiques parues en début de semaine, les chiffres publiés jeudi par Pékin, l'un des principaux moteurs de la croissance mondiale, ont renforcé la thèse d'un ralentissement de sa vigueur.

La production industrielle chinoise en janvier et février y a en effet progressé à son rythme le plus faible en cinq ans, tandis que les ventes au détail et les investissements en capital fixe y ont moins progressé que prévu.

Mais parallèlement, aux États-Unis, les autorités ont fait part d'une baisse des inscriptions hebdomadaires au chômage à leur plus bas niveau en trois mois et de ventes au détail meilleures qu'attendu.

Ces deux données sont un signal encourageant pour les perspectives de demande énergétique aux États-Unis, premier consommateur mondial d'or noir.

Dans ce contexte et au lendemain de l'annonce d'une hausse bien plus prononcée que prévu des stocks de brut dans le pays, «le marché semble estimer qu'autour de 98 dollars le baril, on est arrivé à un niveau reflétant bien l'équilibre entre l'offre et la demande», a commenté Carl Larry de Oil Outlooks and Opinion.

«Mais il existe beaucoup de risques pouvant faire remonter rapidement les prix», a-t-il ajouté, «à commencer par la situation géopolitique instable en Libye et surtout en Ukraine».

Kiev s'est dotée jeudi d'une Garde nationale pour renforcer sa défense face à la Russie qui manoeuvre militairement à ses portes, à trois jours du référendum en Crimée sur le rattachement de la péninsule ukrainienne à Moscou.

Sur le front diplomatique, les Occidentaux jettent leurs dernières forces pour tenter d'infléchir la position du maître du Kremlin, Vladimir Poutine.

Plusieurs analystes soulignaient que l'annonce par les États unis mercredi de la libération de 5 millions de barils provenant de leurs réserves stratégiques de pétrole n'était sans doute pas une coïncidence.

Même si l'administration américaine a invoqué la nécessité de tester la fiabilité d'un système chamboulé par les nombreuses évolutions des infrastructures énergétiques du pays, «c'est certainement une utilisation politique de ces réserves stratégiques, au cas où une dégradation de la situation entre l'Ukraine et la Russie devait provoquer des remous sur le marché mondial» du pétrole, a ainsi estimé John Kilduff d'Again Capital.

«Si des sanctions fortes, notamment commerciales, devaient être prononcées contre la Russie, il est possible que l'Europe se tourne vers les États-Unis pour importer du pétrole», a relevé Carl Larry.