L'industrie du bois ne connaîtra pas le sort de celle du fer à cheval, promet le gouvernement Marois, qui veut faire d'un grand sommet sur la forêt, dans moins de deux semaines, une «piste de décollage» pour propulser l'industrie dans le 21e siècle.

Le gouvernement ne s'engagera toutefois pas à investir plus d'argent dans ce secteur, mais souhaite que la Caisse de dépôt ou Investissement Québec mise davantage sur la forêt.

C'est ce qu'a déclaré le député de Roberval, Denis Trottier, qui pilote le dossier de la foresterie dans le gouvernement Marois, en entrevue à La Presse Canadienne, samedi, en marge du Conseil national du Parti québécois.

Le sommet aura d'ailleurs lieu dans sa circonscription, à Saint-Félicien, les 21 et 22 novembre. La première ministre y sera pour lancer les assises. Elles rassembleront près d'une quarantaine de grands acteurs, des grandes entreprises, des groupes écologiques, des municipalités, des syndicats, qui conviendront d'un «plan de match», au dire de Denis Trottier.

Il a tenu à répliquer à ceux qui jugent que l'industrie est archaïque est qu'elle est condamnée. «Il y a des gens qui ont peut-être l'impression que l'industrie forestière est comme celle du fer à cheval, que ça va tomber, a-t-il dit. Au contraire, c'est une industrie qui va devenir de plus en plus de haute technologie. Peut-être que l'avenir de l'industrie sera davantage chimique que mécanique.»

Il a fait notamment référence à tous ces nouveaux produits conçus en laboratoire, à partir de la cellulose. Par exemple, il a évoqué des matériaux très résistants et écologiques qui pourraient remplacer les plastiques de la pétrochimie, ou encore des enduits autonettoyants qui recouvriraient les fenêtres des grands immeubles. À terme, même, l'industrie pétrochimique pourrait s'intéresser à la foresterie, pour réduire son empreinte carbone, selon lui.

«Le bois, c'est l'or vert qui va remplacer l'or noir», a-t-il assuré. Mais il faut diversifier, a-t-il rappelé, car la contribution du papier à la balance commerciale du Québec - 4 milliards de dollars - aura tendance à diminuer.

Denis Trottier veut donc par ce sommet renverser la morosité et le pessimisme qui règnent dans ce secteur depuis plusieurs années. Il n'y a même plus d'inscriptions dans le programme de transformation des produits forestiers au collégial, a-t-il illustré.

«Est-ce que dans 200 ou 300 ans il va y avoir encore des travailleurs miniers? Je ne sais pas. Mais des travailleurs forestiers, dans 500 ans, il va y en avoir encore.»

Le forum traitera entre autres de la sylviculture - plus particulièrement de l'amélioration de la productivité du secteur -, mais aussi de l'innovation, et de la fierté qu'il faut redonner aux Québécois à l'égard de cette ressource. Mais d'autres enjeux plus litigieux, comme les forêts de proximité, feront éventuellement l'objet de chantiers.

«Le rendez-vous (sur la foresterie), c'est un point de départ (...), on veut que ce soit une piste de décollage.»

Mais outre que le gouvernement veut donner une impulsion, l'élan pour reprendre confiance en la foresterie, il est plus réticent à délier les cordons de la bourse. Denis Trottier se fait plus évasif. Il compte sur la Caisse de dépôt et Investissement Québec.

«J'aimerais bien que la Caisse de dépôt soit plus présente, 170 millions de dollars (le portefeuille dans l'industrie forestière), c'est des peccadilles par rapport aux dizaines de milliards de dollars (des actifs de la Caisse).»

Mais Québec pourrait soutenir le démarrage et la recherche, a-t-il indiqué, mais sans assumer tous les risques.

«Je ne dis pas que le gouvernement n'a pas l'intention (d'investir). Mais ce n'est pas l'État qui va prendre toute la responsabilité des investissements.»

Seulement depuis 2005, le Québec a perdu plus de 17 000 emplois permanents dans les secteurs des produits du bois, des pâtes, du papier et du meuble en bois, selon les plus récentes données du ministère des Ressources naturelles.