L'hydroélectricité du Québec intéresse le Massachusetts, mais le manque d'infrastructures limite les possibilités d'en acheminer davantage dans cet État du nord-est des États-Unis.

C'est le constat qu'a dressé le gouverneur du Massachusetts, Deval Patrick, vendredi, en marge d'une allocution prononcée devant la Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).

«Nous avons besoin de plus de lignes de transport et ce n'est pas facile de mettre le tout sur pied aux États-Unis, a-t-il dit. Nous prenons en considération plusieurs scénarios.»

Questionné par les journalistes, il a expliqué que la construction d'infrastructures capables d'acheminer davantage d'hydroélectricité représente un défi aux États-Unis.

M. Patrick faisait notamment référence au Northern Pass, qui pourrait acheminer 1200 mégawatts supplémentaires vers New York, en passant par le New Hampshire. Ce projet est paralysé au New Hampshire, notamment en raison de son tracé.

M. Patrick a aussi fait mention du projet de câble sous-marin Champlain Hudson Power Express, qui relierait la région de Montréal à Yonkers, à proximité de la ville de New York.

Si ces deux projets voient le jour, le Massachusetts pourrait faire le nécessaire afin d'être en mesure de s'approvisionner en hydroélectricité du Québec, a indiqué son gouverneur.

«Cependant, je ne sais pas combien de temps tout cela pourrait prendre avant de se réaliser», a pondéré M. Patrick.

Le gouverneur n'a pas voulu dire si ultimement il souhaitait la conclusion d'une entente qui ressemble à celle signée entre le Québec et le Vermont en 2010 et qui est valide pour une période de 26 ans.

L'hydroélectricité ne représente qu'une faible partie de l'énergie consommée au Massachusetts, avec seulement 5,7 %. Le diesel ainsi que le nucléaire dominent, avec plus de 70 % de la production.

Actuellement, la plus grande partie du parc de production d'Hydro-Québec n'est pas considérée par le Congrès américain comme une énergie renouvelable comme l'énergie éolienne, solaire ou provenant de petites centrales.

M. Patrick a expliqué que son État tente de respecter cette volonté du Congrès de favoriser les énergies renouvelables, mais que d'autres sources d'approvisionnement, comme l'hydroélectricité, vont continuer à être considérées.

«Notre but est très ambitieux (en matière d'environnement), a souligné M. Patrick. Il nous faudra beaucoup de sources diverses afin de pouvoir atteindre notre but.»

Le gouverneur du Massachusetts a également laissé entendre qu'il considérait les ressources hydroélectriques du Bas-Churchill, à Terre-Neuve-et-Labrador, comme sources potentielles d'approvisionnement.

Pipeline vs transport ferroviaire

Questionné sur la tragédie de Lac-Mégantic, M. Patrick n'a pas voulu se prononcer quant à savoir si les oléoducs étaient plus sécuritaires que les convois ferroviaires pour le transport pétrolier.

«Je ne crois pas qu'il existe de façon parfaite en ce qui a trait au transport (de matières dangereuses)», a-t-il simplement dit.

Le gouverneur du Massachusetts a ainsi refusé d'imiter son homologue du Maine, Paul LePage, qui s'était prononcé en faveur des oléoducs lors de la rencontre annuelle des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l'est du Canada à La Malbaie, en septembre.

M. LePage avait affirmé qu'il préférerait que le pétrole soit transporté par oléoduc plutôt que par train, évoquant la tragédie de Lac-Mégantic, qu'il avait qualifiée de «scénario catastrophe».

Le gouverneur du Massachusetts était de passage au CORIM dans le cadre d'une mission économique au Canada d'une durée de deux jours.