Le président mexicain Enrique Peña Nieto a présenté lundi un projet de révision constitutionnelle qui permettrait à la compagnie pétrolière nationale Pemex de nouer des partenariats avec des intérêts privés pour l'exploration et l'extraction d'hydrocarbures.

Cette «réforme énergétique», qui ne prévoit toutefois pas d'ouverture du capital de Pemex, contrairement à ce qu'attendaient certains observateurs, propose également que soit autorisé l'octroi de «permis» pour que la compagnie puisse s'associer à des privés dans ses activités de raffinage, de pétrochimie, de transport et de stockage.

La réforme nécessitera une modification des articles 27 et 28 de la Constitution encadrant depuis 1938 le monopole de la compagnie nationale sur les activités pétrolières et gazières du Mexique.

Le texte a été présenté ces dernières semaines par les autorités comme une initiative visant à dynamiser les activités de la compagnie, dont la production a décliné ces dernières années, faisant craindre au gouvernement une baisse de ses recettes, dont 35% dépendent aujourd'hui de Pemex.

Toutefois, selon M. Peña Nieto, «le pétrole et d'autres hydrocarbures continueront à faire partie du patrimoine exclusif de la nation» et Pemex continuera à être à «100% propriété de la nation».

Ce texte propose également une restructuration de Pemex et de ses filiales, en vue d'améliorer la transparence du géant pétrolier, au centre de plusieurs affaires de corruption et de détournements de fonds ces dernières années.

Selon le ministre de l'Énergie Pedro Joaquin Coldwell, la réforme est principalement motivée par la nécessité de trouver de nouveaux gisements dans un contexte d'épuisement progressif des réserves conventionnelles du pays.

Les réserves prouvées de brut au Mexique ont chuté de 31,2% entre 2003 et 2012, passant de 20 à 13,8 milliards de barils, selon des données officielles.

Un investissement public multiplié par 6 ces 15 dernières années

«Au Mexique, nous produisons moins de pétrole et de gaz naturel malgré un investissement public qui a sextuplé ces 15 dernières années, pour atteindre près de 20 milliards de dollars annuels», a-t-il expliqué.

Ainsi, pour explorer les réserves potentielles en eaux profondes dans le Golfe du Mexique, des opérations coûteuses et risquées, le ministre a souligné la nécessité d'attirer «des capitaux, de la technologie et des expertises» dans le cadre de ces associations.

Cette réforme embrassant l'ensemble des secteurs énergétiques prévoit aussi la participation d'acteurs privés dans les opérations de la compagnie nationale électrique Commission fédérale d'électricité (CFE).

Si les trois principaux partis du pays soutiennent une réforme de Petróleos Mexicanos (Pemex) pour dynamiser l'entreprise et les activités pétrolières du pays, la gauche s'oppose pour l'heure à toute modification constitutionnelle. Des manifestations ont d'ailleurs déjà été prévues ces prochains jours et semaines pour protester contre ce que les détracteurs de la réforme qualifient de «privatisation» des ressources publiques.

Plus importante entreprise du Mexique, Pemex produit quelque 2,5 millions de barils de brut par jour (contre 3,4 mbj en 2004). Si cette réforme était adoptée, le président mexicain a assuré que la production pétrolière du pays passerait à 3 mbj en 2018 puis à 3,5 mbj à l'horizon 2025.