Le titre de Stornoway Diamond (T.SWY), qui veut mettre en valeur la première mine de diamants du Québec, a bondi de 7,6% hier dans la foulée de la transaction de 1 milliard impliquant la société Harry Winston Diamond. Non seulement Stornoway profite-t-elle de l'attention portée sur l'industrie du diamant, mais la société montréalaise pourrait devenir une cible pour Harry Winston.

Cette société a annoncé lundi la cession de sa division de ventes au détail à Swatch pour 750 millions US en argent - Swatch prend aussi en charge une dette de 250 millions. Harry Winston, qui détient 40% de la mine Diavik et qui a offert 500 millions pour une participation majoritaire dans la mine Ekati (toutes deux dans les Territoires-du-Nord-Ouest), deviendra donc la seule entreprise à se consacrer entièrement à la production de diamants canadiens.

Ce créneau de Harry Winston, qui sera désormais connu sous le nom Dominion Diamond Corp., pourrait la pousser à considérer l'achat de Stornoway Diamond, estime Éric Lemieux, analyste à Valeurs mobilières Banque Laurentienne. D'autant plus qu'il faudra un jour ou l'autre renouveler les réserves d'Ekati et Diavik, qui n'en ont que pour une décennie encore. Stornoway cherche à boucler son financement de 800 millions pour lancer d'ici la fin de 2013 la construction de la mine Renard, à 350 kilomètres au nord de Chibougamau.

Par contre, M. Lemieux ne voit pas cette transaction survenir à court terme, alors «qu'il y a pas mal de choses dans l'assiette de Harry Winston».

Harry Winston voudra clôturer le rachat à BHP Billiton de sa part de 80% dans la mine Ekati - on saura d'un jour à l'autre si les deux propriétaires minoritaires se prévaudront de leur droit d'égaler l'offre.

Grâce à la transaction avec Swatch, l'acquisition d'Ekati pourrait être conclue sans dette, a indiqué à l'agence Bloomberg le président et chef de la direction d'Harry Winston, Robert Gannicott. Harry Winston entend ensuite profiter de cette flexibilité pour dénicher d'autres occasions. La cible la plus naturelle sera la participation de 60% de Rio Tinto dans Diavik, a précisé M. Gannicott.

Si l'une ou l'autre de ces transactions ne fonctionnait pas, cela laisserait toutefois Harry Winston avec un surplus d'argent et ouvrirait la porte à d'autres acquisitions, incluant Stornoway, soulignent certains analystes.

N'empêche que tout ce bouillonnement dans le secteur du diamant est une bonne nouvelle pour l'industrie et pour Stornoway, a dit à La Presse Affaires l'analyste David Davidson, de Paradigm Capital. Les récentes transactions laissent sous-entendre que les perspectives de marché sont alléchantes.

Le prix payé pour la division de détail d'Harry Winston était dans le haut de la fourchette anticipée par les analystes, a observé pour sa part le président et chef de la direction de Stornoway, Matt Manson, dans un entretien téléphonique.

«C'est un signe de confiance dans l'industrie. Cela crée un environnement qui est certainement bon pour nous.»

M. Manson n'a pas voulu faire de commentaires sur la possibilité que Stornoway devienne une cible pour Harry Winston.

Le titre de Stornoway (SWY) se négociait à 85 cents à la clôture hier.