C'est presque le sabordage au comité de suivi du projet minier Osisko (T.OSK), à Malartic. Le président a démissionné lundi, après que des médias aient rapporté que le comité remettait en question sa propre pertinence.

Le comité de suivi, créé à la suite de l'étude du projet d'Osisko par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) en 2009, doit être le lien entre la société minière et la communauté. Or, les membres du comité avaient l'intention de rencontrer la minière mercredi soir pour discuter de la poursuite des activités du comité.

«Notre rôle était devenu un rôle d'observateur, c'est tout», explique le président démissionnaire, Bernard Gauthier, conseiller municipal à Val-d'Or.

«On s'interroge sur notre pouvoir d'action réel, précise le coordonnateur du comité, Serge Paquin. On recommande, on observe, est-ce que c'est ça qu'on veut ?»

C'est M. Gauthier, entré en fonction en mai, qui a lancé la réflexion sur l'avenir du comité. Maintenant qu'Osisko est en opération, les principales problématiques de la mine à ciel ouvert collée sur la communauté de Malartic sont associées au bruit, à la poussière et aux sautages.  «C'est le rôle des ministères de surveiller cela», soutient M. Gauthier.

Plusieurs options étaient sur la table (fusion du comité avec un autre organisme, modification à la structure), mais au final, il était «fortement possible que le comité soit dissous», note M. Gauthier.

Selon lui, le comité mixte municipal-industriel, qui regroupe entre autres des représentants de la Ville de Malartic, de la minière et des ministères, pourrait prendre la relève de façon efficace.

Le comité se questionne aussi sur le financement du comité, tout à la charge d'Osisko. «Cela nuit à la crédibilité du comité», reconnaît Serge Paquin.

Bris de confiance

Dimanche, un reportage de La Presse Canadienne, basé sur des sources anonymes, indiquait que les membres du comité prévoyaient démissionner en bloc mercredi.

Ce n'était là qu'une des options sur la table, ont nuancé messieurs Paquin et Gauthier. Mais ce dernier s'est senti trahi par cette fuite qui provient selon lui d'un membre du comité. Il a remis sa démission hier matin. «La confiance est complètement tombée», dit-il.

M. Paquin et M. Gauthier soutiennent que les relations entre Osisko et le comité, parfois tendues, s'étaient beaucoup améliorées depuis le mois de mai. La société se serait aussi montrée plus ouverte en matière de divulgation d'information.

Après le départ de M. Gauthier, il reste six membres au conseil d'administration du comité : deux représentants des citoyens, un représentant de la jeunesse, un représentant de la communauté d'affaires et un représentant du milieu sociocommunautaire. Les postes de représentants des milieux environnemental et autochtone sont vacants.

Dans un communiqué publié en fin de journée lundi, Osisko s'est dite disposée à revoir le fonctionnement du comité. «Nous croyons à l'utilité de ce Comité et nous prendrons les mesures qu'il faudra pour que ce Comité fonctionne », a déclaré le vice-président principal et chef de l'exploitation d'Osisko, Luc Lessard.

Pas d'encadrement légal

Dans une étude publiée en 2002, des chercheurs de l'UQAC et de l'UQAM déploraient l'absence de cadre réglementaire et légal pour les comités de suivi, pourtant de plus en plus souvent associés aux grands projets industriels.

Cette lacune persiste aujourd'hui, note Christiane Gagnon, professeure à l'UQAC et l'une des auteures de l'étude. Selon elle, «il devrait y avoir un minimum d'encadrement gouvernemental» sur les responsabilités et devoirs attribués à ces comités, de même que sur le financement. Les comités devraient aussi «jouir d'une reconnaissance officielle de la part de l'État, afin d'éviter qu'ils ne deviennent que des comités manipulés par l'entreprise».

_____________________

49 361

En octobre, la mine Canadian Malartic a traité une moyenne de 49 361 tonnes de minerai par jour, pour une production quotidienne de 1175 onces. À terme, l'objectif d'Osisko est de traiter 55 000 tonnes par jour.