Victoire pour l'Association des gens d'affaires de la Minganie et les communautés innues: le futur centre de services du complexe hydroélectrique de La Romaine sera finalement implanté à Havre-Saint-Pierre, et non sur le chantier de La Romaine, permettant la création d'une centaine d'emplois.

La nouvelle ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, a annoncé samedi que le centre de services s'installera finalement en zone urbaine, et non à 45 kilomètres de la ville, comme l'avait discrètement décidé Hydro-Québec auparavant.

«Au début, le centre devait être à Havre-Saint-Pierre», a rappelé le président de l'Association des gens d'affaires de la Minganie, Théoharris Ganas.

«Mais Hydro Québec a changé la donne. Il y a un an, certains employés de la société d'État ont eu vent de certains documents, de certaines discussions, et ils se sont rendu compte que le plan de match n'était pas le même que celui qu'on nous avait présenté au départ.»

Dans un effort concerté, la communauté d'affaires de la Minganie, accompagnée de résidants autochtones et allochtones de la région, a bloqué la semaine dernière la seule route d'accès au chantier de La Romaine, à Havre-Saint-Pierre, pour exprimer son mécontentement face à la décision d'implanter le centre de services à l'extérieur de la ville.

Les gens d'affaires et la population locale avaient alors rappelé qu'ils souhaitaient un développement durable et des retombées locales par l'implantation du centre administratif à Havre Saint-Pierre, et non au pied du barrage Romaine-1, comme le souhaitait Hydro Québec. La création de 110 emplois est prévue.

Après deux jours de blocus et une rencontre de trois heures avec le ministre responsable de la Côte-Nord, Alexandre Cloutier, les manifestants ont plié bagage le 15 novembre dernier en fin de soirée.

La ministre Ouellet a justifié sa décision de ramener le centre à Havre-Saint-Pierre par l'importance d'exploiter les ressources naturelles du Québec «au bénéfice de l'ensemble de la population, et plus particulièrement des collectivités locales au sein desquelles les projets sont déployés». L'annonce survient au terme de discussions qui, de l'aveu de la ministre, ont été cordiales, mais également animées.

«On a convaincu Hydro-Québec de cette façon-là de voir les choses, de dire que le développement des ressources naturelles doit profiter aux communautés locales et qu'il faut écouter leurs points de vue, leurs préoccupations», a-t-elle expliqué.

M. Ganas évoque quant à lui «un pas dans la bonne direction».

«C'est une très bonne nouvelle. Mais on reste vigilants, on continue à travailler pour développer les retombées économiques de ce projet-là, a-t-il averti. On espère que le lien de confiance est en train de se bâtir et qu'il est de bon augure pour les projets à venir.»

Il a par ailleurs salué la collaboration des communautés allochtones et autochtones, une première dans la région à son avis.

«En discutant avec les communautés innues et avec les allochtones, on s'est rendu compte que nos économies sont interreliées. Quand eux perdent, on perd. Quand nous perdons, eux perdent. C'est pour ça que c'est une optique régionale, et non seulement une question qui concerne les «Blancs» d'un côté et les Innus de l'autre», a-t-il lancé, visiblement fier.

«Nos intérêts, il faut qu'on s'en occupe nous-mêmes. On garde Hydro-Québec à l'oeil.»