L'industrie pétrolière devra se restructurer en profondeur pour s'adapter aux politiques environnementales, au développement d'hydrocarbures non conventionnels et à l'avènement d'un «âge d'or du gaz» moins cher que le brut, selon une étude d'un cabinet de recherches londonien publiée lundi.

«La menace d'une pénurie des ressources pétrolières ne semble plus imminente et la notion de «pic pétrolier» (niveau au-delà duquel la production pétrolière diminuerait inexorablement, ndlr), apparaît de plus en plus comme non pertinente», souligne ce rapport de 124 pages de l'institut Chatham House.

Selon ce rapport, «c'est au contraire la demande pétrolière qui semble approcher d'un «plateau» dans les pays développés» et ralentir dans les pays en développement, minée par l'envolée des prix du baril depuis 2005 et les politiques plus strictes de limitations des gaz à effet de serre.

Alors que les transports représentent la moitié des besoins mondiaux en pétrole, ces facteurs encouragent les technologies plus économes pour les automobiles et l'utilisation croissante de biocarburants pour remplacer les produits pétroliers.

«Le secteur pétrolier mondial doit réaliser que ces évolutions économiques, environnementales et géopolitiques exigent une adaptation en profondeur (...) plus que de simples changements graduels s'il veut continuer à prospérer», a indiqué John Mitchell, co-auteur de l'étude, qui ne fournit aucune prévision chiffrée.

D'autant que le pétrole pourrait pâtir de la montée en puissance du gaz, bien meilleur marché grâce à des réserves abondantes et accessibles, le boom du gaz de schiste aux États-Unis laissant même préfigurer l'avènement d'un «âge d'or du gaz».

«Les réserves mondiales de pétrole comme celles de gaz ont plus que doublé depuis 1980, et des technologies en développement permettent d'avoir accès à des réserves d'hydrocarbures non conventionnels», souligne Chatham House, rappelant que cela pourrait aussi profiter à de nouvelles sources d'or noir.

Cependant, tempère le rapport, «comme un âge d'or du gaz pourrait ne pas nécessairement s'imposer à court terme ou partout, les investisseurs seront inquiets de la rentabilité des nouveaux projets d'exploitation» dans le pétrole - face à une demande qui faiblit - et dans le gaz - dont les prix chutent.

Autre changement marquant, la consommation de l'Asie devrait absorber «davantage» de pétrole «que le Moyen-Orient peut en produire», avec le risque que leur appétit fasse bondir les prix du baril.

Dans ce contexte, «le danger pour les pays occidentaux est moins une pénurie de l'offre pétrolière que la montée des cours», conclut Chatham House.