Hydro-Québec commencera dès la semaine prochaine à installer ses nouveaux compteurs dans la région montréalaise, après avoir obtenu vendredi la bénédiction de la Régie de l'énergie pour réaliser ce projet de 1 milliard de dollars.

En dépit de la controverse qui règne toujours sur l'impact des radiofréquences sur la santé, la Régie estime qu'il s'agit d'un bon projet qui permettra à Hydro-Québec d'augmenter son efficacité et de faire des économies, à condition qu'il n'y ait pas de dépassement de coûts.

«La Régie reconnaît que le projet n'est pas sans risque», peut-on lire dans la décision de l'organisme de réglementation, qui entend suivre aux trois mois l'évolution des coûts du projet.

Pour répondre aux inquiétudes sur les radiofréquences qui seront émises par les nouveaux compteurs, Hydro a dû proposer une option de retrait qui coûtera 137$ pour l'installation d'un compteur sans radiofréquences et 17$ par mois pour la relève manuelle.

La Régie a aussi accepté cette proposition, ce qui a soulevé la colère de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique. Il s'agit «d'un ticket modérateur pour les citoyens qui désirent prendre des mesures de précaution pour protéger leur santé et celle de leur famille», a déploré le porte-parole de l'organisation, Dominique Neuman.

Selon Hydro, seulement 1% de sa clientèle se prévaudra de l'option de retrait.

Mécontentement

Les employés d'Hydro-Québec touchés par les changements sont eux aussi furieux. «Nous examinerons tous les recours politiques et juridiques à notre disposition», a fait savoir David Labrosse, porte-parole des employés de techniques professionnelles et de bureau d'Hydro-Québec.

Les syndiqués ont mené une grande campagne médiatique contre les «compteurs en or» qui, selon eux, feront disparaître 1000 emplois et entraîneront un déficit plutôt que des économies pour la société d'État.

La Régie a penché en faveur des arguments d'Hydro-Québec, qui assure qu'elle fera des économies de 200 millions sur 20 ans avec ses nouveaux compteurs, notamment grâce à la relève automatique et à la possibilité de couper et de rétablir le service à distance.

La décision d'Hydro de remplacer ses 3,8 millions de compteurs a fait couler beaucoup d'encre, notamment parce qu'Hydro a ignoré le seul fournisseur québécois de systèmes de mesurage avancé, le consortium formé de Varitron et Trilliant. Les nouveaux compteurs seront fabriqués au Mexique par une firme suisse, Landis+Gyr.

Il ne s'agit pas de compteurs intelligents comme on l'entend normalement. Ils se contenteront de mesurer la consommation d'électricité, mais Hydro affirme que d'autres fonctions pourront y être ajoutées.

Dans une première étape, 1,7 million de compteurs seront remplacés dans la région de Montréal entre 2012 et 2014, ce qui coûtera 440 millions. L'opération devrait se terminer en 2018.