Le marché du carbone ne fait pas le bonheur de tous. Parlez-en aux propriétaires de stations-service.

Contrairement aux grands émetteurs industriels, ceux-ci ont encore deux ans pour se préparer à l'arrivée de la WCI. Québec attend en effet 2015 pour s'attaquer au secteur des transports, le grand pollueur de la province avec 43,5% des émissions de GES.

«Le fun va commencer en 2015. Là, les gros défis arrivent et c'est la boîte de Pandore. Ça nous inquiète beaucoup, beaucoup, beaucoup, énormément», lance Carol Montreuil, vice-président, division de l'Est, de l'Institut canadien des produits pétroliers.

Pour diminuer les émissions du secteur, Québec a décidé de serrer la vis non pas aux automobilistes qui brûlent l'essence, mais à ceux qui la leur fournissent dans les stations-service.

C'est ce que dénonce M. Montreuil. «Le gouvernement se trompe de cible, dit-il. On demande aux distributeurs de prendre en charge des émissions qui ne sont pas les leurs. Évidemment, il n'y a pas un politicien qui souhaite viser directement les consommateurs...»

M. Montreuil affirme que les distributeurs de carburant n'auront aucune façon de réduire significativement leurs émissions de GES. Résultat: ils devront acheter des crédits de carbone sur le marché... et refileront la facture aux consommateurs.

M. Montreuil fait planer le spectre de hausses de prix importantes. Selon ses calculs, le litre d'essence grimpera de 2,5 cents si le prix des crédits de carbone reste au prix plancher de 10$ la tonne fixé par Québec. En février dernier, la banque Barclays a prédit que la tonne de carbone pourrait monter jusqu'à 80$ en 2018. Si c'est le cas, l'augmentation attendrait 20 cents le litre, selon M. Montreuil.