Les cours du pétrole ont reculé une nouvelle fois mardi à New York, plombé par un renforcement du dollar face à l'euro, alors que les marchés s'inquiétaient de la situation politique et financière en Europe.

Le baril de «light sweet crude» pour livraison en juin a fini en baisse de 93 cents par rapport à lundi, à 97,01$ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), un record de faiblesse depuis le 2 février.

«Le mouvement de vente de la veille s'est poursuivi dans la matinée, à la faveur d'un dollar plus fort, et dans le sillage d'un marché d'actions en baisse», du fait d'inquiétudes macroéconomiques, particulièrement en Europe, a commenté David Bouckhout, de TD Securities.

En effet, les différents marchés étaient de plus en plus nerveux à l'égard de la situation politique en Grèce, deux jours après la tenue d'élections législatives qui ont laminé les deux partis gouvernementaux sortant, pro-euro et ayant accepté de signer le programme d'assainissement de l'économie grecque.

Mardi, le pays était ainsi bien en peine d'obtenir une majorité, de gauche ou de droite, et de former un gouvernement, ce qui faisait craindre le pire aux investisseurs pour l'avenir du pays, dont l'aide internationale est conditionnée à des mesures d'austérité.

Ces incertitudes politiques, en plus de peser sur les perspectives de demande européenne de pétrole, poussaient ainsi les investisseurs à se tourner vers des valeurs qu'ils jugent plus sûres, comme le billet vert et le yen, et à l'écart d'investissements à risques comme les matières premières.

Ainsi, le renforcement de la devise américaine, à des plus hauts depuis plus de trois mois face à l'euro, rendait moins attractifs les achats de matières premières libellées en dollar, comme l'or noir, pour les investisseurs munis d'autres devises.

En outre, «du côté de l'offre, on voit davantage de pétrole dans le monde», a noté Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, les courtiers attendant avec une certaine nervosité les nouveaux chiffres hebdomadaires des stocks de brut aux Etats-Unis qui seront publiés mercredi par le Département américain de l'Energie (DoE). Ces réserves sont actuellement à leur plus haut depuis septembre 1990.

Autre source de pression sur les cours, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Naimi, a estimé lors d'un déplacement au Japon mardi que les prix actuels étaient trop élevés, et répété que son pays se tenait prêt à utiliser sa capacité excédentaire de production pour fournir le marché.

Récemment, M. Naimi avait déclaré que les prix élevés du pétrole étaient mauvais pour tout le monde, pays développés, émergents, pauvres ou producteurs.

«Mais cela n'a pas eu autant d'impact que ce que l'on aurait pu attendre», a souligné M. Bouckhout.