L'or n'a guère profité cette semaine de son statut traditionnel de valeur refuge, le prix du métal jaune perdant plus de 2% à l'unisson des autres marchés de matières premières, sous l'effet conjugué d'une rafale d'indicateurs économiques en berne et d'un renforcement du dollar.

OR

Après un bref répit dans les derniers jours d'avril, le cours du métal jaune est reparti à la baisse, abandonnant plus de 2,5% entre mardi et vendredi, miné par les craintes croissantes d'une aggravation de la crise de la zone euro et des inquiétudes sur la solidité de la reprise économique aux États-Unis.

«Les indicateurs étonnamment mauvais tombés des deux côté de l'Atlantique ne parviennent pas jusqu'à présent à raviver le statut traditionnel de valeur refuge de l'or», ont constaté les analystes de Commerzbank.

L'annonce d'un retour en récession de l'Espagne, d'une forte montée du chômage en mars dans la zone euro et d'une contraction plus forte qu'attendu de l'activité du secteur privé dans la région en avril, sont ainsi venus renforcer les incertitudes sur les perspectives économiques européennes.

Le marché a par ailleurs été ébranlé par le ralentissement des embauches dans le secteur privé américain en avril, dévoilé mercredi par le cabinet de ressources humaines ADP, une tendance confirmée vendredi par le rapport officiel sur l'emploi aux États-Unis.

Face à ces indicateurs décevants, «les investisseurs ont délaissé les matières premières pour se réfugier vers d'autres actifs jugés sûrs, comme le dollar ou les bons du Trésor, au détriment de l'or», les opérateurs préférant se désengager des métaux précieux pour obtenir des liquidités, ont observé les analystes du courtier spécialisé Sharps Pixley.

Le renchérissement du dollar contribuait par ailleurs à accentuer la pression sur l'or, rendant moins attractifs les achats de métaux précieux libellés dans la monnaie américaine pour les investisseurs munis d'autres devises.

«Le dollar a été renforcé encore davantage (face à un euro sous pression) après la conférence (jeudi) de la Banque centrale européenne (BCE), qui n'a évoqué aucun nouveau rachat d'actifs» pour aider l'économie et susceptible de peser sur la monnaie unique, a également noté Sharps Pixley.

Signe de la défiance des investisseurs, le plus gros fonds d'or coté dans le monde, SPDR Gold Trust, a vu le volume de ses participations baisser de plus de 10 tonnes cette semaine, pour s'établir à 1274 tonnes, son plus bas niveau depuis trois mois.

Par ailleurs, «la demande physique reste modeste, alors que les achats d'or en Inde (premier pays consommateur d'or dans le monde) marquent le pas» après une période de fêtes traditionnelles, et en l'absence pour une partie de la semaine des investisseurs chinois et indiens en raison de jours fériés, a souligné Suki Cooper, analyste de Barclays Capital.

De plus, le fort relèvement des taxes sur les importations d'or en Inde, intervenu récemment, continue d'entretenir une incertitude sur les perspectives de la demande du pays, a-t-elle ajouté.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé vendredi à 1643,75$ contre 1663,50$ le vendredi précédent.

ARGENT

L'argent, métal précieux mais également très utilisé dans l'industrie, a pâti des craintes sur les perspectives économiques mondiales après une série d'indicateurs européens et américains en berne.

L'once d'argent a terminé vendredi à 29,90$ contre 31,14$ sept jours auparavant.

PLATINE/PALLADIUM

Les cours des métaux platinoïdes, dont le principal débouché est l'industrie automobile, ont souffert de la morosité ambiante des marchés financiers, piquant du nez à l'unisson des prix des métaux de base, le platine glissant même vendredi jusqu'à 1520,75$ l'once, un plus bas depuis le 20 janvier.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a terminé vendredi soir à 1530$ contre 1573$ une semaine auparavant.

L'once de palladium a fini à 663$ contre 677$ vendredi dernier.