Le président américain Barack Obama a dévoilé mardi un plan de lutte contre la fraude et la manipulation du marché pétrolier, dénoncé par ses adversaires comme un «gadget» alors que la cherté de l'essence pèse sur la campagne de la présidentielle de novembre.

«Nous ne pouvons pas nous permettre de nous retrouver dans une situation où les spéculateurs manipulent les marchés en achetant du pétrole et en créant une perception de pénurie qui gonfle les cours, simplement pour le revendre afin d'obtenir des bénéfices rapides», a affirmé M. Obama lors d'une allocution dans la roseraie de la Maison Blanche.

M. Obama, accompagné notamment du ministre de la Justice Éric Holder et de chefs d'agences de supervision des marchés, leur a demandé de «s'assurer que des actes de manipulation, de fraude ou d'activités illégales ne sont pas à l'origine des augmentations de prix de l'essence à la pompe».

Le chef de l'exécutif veut en particulier obtenir du Congrès, où les républicains sont en position de force, qu'il renforce la Commission des opérations sur les contrats à terme et les matières premières (CFTC), l'une des autorités américaines des marchés financiers.

Ce plan vise aussi à multiplier par dix les amendes infligées à quiconque serait reconnu coupable de manipulation des cours, de un à 10 millions de dollars.

Cette annonce intervient alors que M. Obama a été rendu responsable des prix élevés de l'essence à la pompe par les républicains, à six mois et demi de la présidentielle du 6 novembre où il va briguer un second mandat. Ces prix atteignent des niveaux proches des plus hauts historiques, à 3,9 dollars par gallon (3,78 litres) en moyenne.

Les républicains estiment que M. Obama a entravé la production pétrolière américaine et réclament davantage de dérégulation, plus d'autorisations de forer et l'approbation du tracé central de l'oléoduc géant controversé Keystone XL avec le Canada.

«Alors que les Américains peinent à payer une essence dont le prix a doublé depuis qu'il est arrivé au pouvoir, le président n'a pour solution que d'augmenter les impôts des compagnies gazières et pétrolières, et maintenant de renforcer les règlements fédéraux de façon spectaculaire», a dénoncé son probable adversaire républicain à la présidentielle du 6 novembre, Mitt Romney.

«Ces politiques ne vont rien faire pour réduire le prix de l'énergie, augmenter la production nationale ou renforcer l'économie américaine», a ajouté M. Romney, en accusant le président sortant de «sacrifier l'avenir énergétique des États-Unis».

M. Obama a lui-même reconnu mardi qu'«aucune de ces mesures à elle seule ne fera baisser les prix de l'essence du jour au lendemain. Mais elles empêcheront la manipulation des marchés et assureront que nous protégeons les consommateurs américains».

Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a pour sa part dénoncé un «gadget» de M. Obama, et ironisé sur le recours du président aux «mêmes vieilles recettes et éléments de langage que les hommes politiques de Washington utilisent depuis des années».

«Le but du président n'est pas de faire quelque chose pour lutter contre le problème. C'est de faire croire aux gens qu'il fait quelque chose», a affirmé M. McConnell dans un communiqué.

«Je pensais qu'il offrait quelque chose de nouveau et de différent», a feint de s'étonner le sénateur.