La ministre du Travail, Lise Thériault, a commis une bourde à l'Assemblée nationale mardi. Elle s'est un peu trop avancée sur le lock-out qui perdure à l'aluminerie Rio Tinto Alcan d'Alma, au Lac-Saint-Jean.

Elle a indiqué que des échanges sont en cours actuellement entre les deux parties, ce que le syndicat a ensuite nié catégoriquement.

«Il y a présentement des rencontres qui se tiennent avec le médiateur et le conciliateur, a-t-elle répondu quand elle a été questionnée en Chambre. Il y a des rencontres qui sont prévues dans les prochains jours.»

Toutefois, selon le syndicat des 700 travailleurs en lock-out, la ministre a «improvisé» et est même «complètement déconnectée».

Après deux séances de négociations la semaine dernière, le Syndicat des métallos devait revenir sur une contre-proposition, mais la partie patronale a indiqué mardi qu'elle refusait de rencontrer son interlocuteur, a affirmé le représentant syndical, Dominic Lemieux, dans une entrevue à La Presse Canadienne.

«C'est vraiment le contraire (de ce que la ministre a dit)», a lancé M. Lemieux. À son avis, Rio Tinto Alcan a été «offusquée» par la manifestation d'appui aux lock-outés qui a rassemblé des milliers de personnes à Alma le week-end dernier, ce qui explique la rebuffade de la partie patronale.

«Il n'y a aucune date (prévue pour la reprise des pourparlers). Je suis dans le néant, aucune date n'est fixée. J'ai eu la confirmation que Rio Tinto Alcan refuse de nous rencontrer cette semaine. Nous, nous sommes disponibles pourtant, aujourd'hui, demain, jeudi, vendredi», a dit M. Lemieux.

À la période de questions, le député péquiste de la circonscription d'Alma, Alexandre Cloutier, a fait remarquer à la ministre Thériault que les parties avaient affirmé la veille que les négociations étaient rompues.

«Les parties se parlent, a-t-elle dit. Pour ce qui est de la négociation, elles ont convenu elles-mêmes de garder ça secret. Elles n'en ont pas discuté sur la place publique.»

Le porte-parole de Mme Thériault, Charles Robert, a ensuite soutenu que la ministre avait simplement repris les propos des représentants syndicaux entendus quelques jours auparavant sans les citer.

De son côté, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, a soutenu que le Québec avait consenti pas moins de 1,8 milliard $ en impôts reportés et en aides de toutes sortes à Rio Tinto Alcan et qu'il était temps de forcer la multinationale à négocier. De surcroît, Hydro-Québec doit racheter l'électricité produite en surplus par les barrages du géant de l'aluminium, a-t-il ajouté.

«De toutes les façons, Rio Tinto est en train d'abuser du Québec», a dénoncé M. Khadir en conférence de presse après la période de questions.

Il a rappelé l'enjeu principal du lock-out: les travailleurs d'Alma refusent la sous-traitance que veut imposer l'entreprise.

«Rio Tinto Alcan ne veut pas respecter nos travailleurs, veut les forcer à accepter la sous-traitance. (...) Ça suffit, il faut arrêter de se mettre à genoux devant les multinationales. (...) Combien nous coûtent les largesses accordées par le gouvernement libéral?» a demandé M. Khadir.