Les cours du pétrole ont terminé à la hausse vendredi à New York, les tensions géopolitiques autour du dossier iranien continuant à porter les cours.

Le baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a gagné 1,52$ par rapport à la clôture de jeudi, finissant à 106,87$ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, a fini à 125,13$, en hausse de 1,99$ par rapport à la clôture de jeudi.

«Il y a un regain d'intérêt chez les investisseurs», a observé Matt Smith, de Summit Energy (Schneider Electric), «soutenu par les commentaires de l'AIE», institution représentant les pays industrialisés.

Selon cette agence internationale, «il ne serait pas forcément nécessaire de recourir aux réserves stratégiques (de ses États membres) du fait du soutien de l'Arabie Saoudite, qui s'est dit prête à faire face à la demande» mondiale, a précisé l'analyste.

L'Arabie Saoudite, premier exportateur de brut mondial, a réitéré récemment son engagement de prévenir toute perturbation de l'offre mondiale en pétrole, à la suite des sanctions internationales contre Téhéran, et en particulier de l'embargo pétrolier décidé en janvier par l'Union européenne (UE), qui devrait être complètement mis en place en juillet.

Reste que le marché persistait à penser que l'utilisation des réserves stratégiques pourraient s'avérer nécessaire à plus long terme.

«On s'attend à un gros déclin de l'offre cet été», a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates, alors que l'AIE prévoit que les exportations de pétrole iranien soient réduites d'au moins un tiers à partir de mi-2012.

Dans ce contexte, le marché s'attend à ce que «plusieurs gouvernements commencent à constituer d'importantes réserves en vue de pertubations majeures» de l'approvisionement en or noir, a dit l'analyste.

«Ce n'est pas un secret que la Chine est en train de se faire des réserves stratégiques comme le font les États-Unis», a-t-il noté.

Près d'une semaine après la circulation de rumeurs selon lesquelles les États-Unis et le Royaume Uni envisageraient de recourir à leurs réserves stratégiques, le ministre français de l'Énergie Eric Besson avait déclaré jeudi que la libération d'une partie des stocks stratégiques de la France constituait «une option», ce qui avait alimenté la pression sur les prix du baril.

De son côté, le président des États-Unis Barack Obama a estimé que les tensions actuelles au Moyen-Orient, notamment le dossier nucléaire iranien, avaient pour conséquence de gonfler les cours du baril de pétrole de 20 à 30 dollars.

«À l'heure actuelle, ce qui fait augmenter les prix de l'essence à la pompe, ce sont les cours mondiaux du pétrole, et l'incertitude vis-à-vis de ce qui se produit en Iran et au Moyen-Orient, et cela rajoute 20 ou 30 dollars aux cours du pétrole», a affirmé M. Obama dans une interview publiée vendredi.

«Ce qui provoque aussi (cette hausse), c'est quelque chose que nous ne parviendrons pas à réduire, la demande accrue dans des pays comme la Chine et l'Inde», a remarqué M. Obama.

Certains sur le marché appelaient toutefois à la prudence.

«Nous sommes sceptiques quant à (la possibilité) que la croissance américaine s'accélère», ont écrit les analystes de Morgan Stanley, soulignant que «l'incertitude reste grande» à propos de la Chine, où les signes de ralentissement se multiplient.

Également, font-ils valoir dans une note appelant à éviter de trop parier sur une hausse continue des cours, «la crise en Europe est loin d'être finie.»