La société d'exploration d'uranium Uracan Resources, qui mène des travaux contestés sur la Côte-Nord, dénonce les délais dans l'attribution des permis au Québec et s'inquiète du nouveau pouvoir municipal inclus dans la réforme minière. Dans une lettre envoyée au premier ministre Charest à la fin du mois de janvier, le PDG de la société de Vancouver demande «le soutien du gouvernement».

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Dans la lettre que La Presse Affaires a obtenue, le président et chef de la direction d'Uracan, Gregg Sedun, écrit qu'il «devient de plus en plus évident que le Québec devient un lieu difficile pour mener à terme des projets d'exploration miniers dans le secteur de l'uranium».

Il déplore précisément l'incapacité d'Uracan «à obtenir dans un délai raisonnable le permis de travail demandé» au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). Le délai habituel est de 30 à 40 jours, note M. Sedun. Or, à l'été 2011, il a fallu 133 jours pour obtenir un permis d'exploration en surface et de forage, affirme Uracan. «La seule explication qui nous ait été fournie par le Ministère est que le personnel autorisé était en vacances», lit-on.

Un retard dérangeant

Uracan soutient que ce retard l'a obligée «à constamment modifier sa stratégie d'exploration au cours de l'été et de l'automne» et à repousser d'un an ses objectifs d'exploration. La dernière année a été «frustrante» et les délais ont entraîné des coûts supplémentaires, a précisé M. Sedun dans un entretien téléphonique en compagnie de son directeur d'exploration, Marc Simpson.

Selon Uracan, il s'agit d'une situation nouvelle. «Auparavant, nous recevions les autorisations nécessaires dans un délai raisonnable», souligne M. Sedun à l'intention du premier ministre.

«Je ne sais pas si c'est une question de bureaucratie ou s'il y a une sorte de programme secret à l'intérieur du gouvernement, qu'il soit antimines ou antiuranium», a ajouté M. Sedun à La Presse Affaires.

Marc Simpson souligne cependant que d'autres sociétés minières, dans d'autres secteurs que l'uranium, se plaignent également des trop longs délais.

Uracan affirme que si elle est incapable de mener des travaux d'exploration de base en raison du délai d'émission des permis, cela la poussera à réviser l'ampleur de ses travaux au Québec, où elle a investi 30 millions de dollars depuis 2006.

Le MRNF n'a pas été en mesure de nous fournir davantage d'explications hier.

Forte opposition en Minganie

Dans la même lettre, Uracan s'en prend aux amendements proposés au projet de loi 14 qui donneraient un pouvoir municipal sur l'activité minière. Cela «remet en question la viabilité quant à la poursuite de nos activités au Québec», écrit-il.

La société, qui fait face à une importante opposition des groupes environnementaux et des municipalités de la MRC de Minganie, affirme être «pleinement consciente des inquiétudes suscitées par ses activités d'exploration d'uranium».

Marc Simpson reconnaît aussi que l'acceptabilité sociale est nécessaire. «On travaille à garder le dialogue ouvert et à trouver des solutions aux inquiétudes des communautés. On ne pense pas que ça se réglera du jour au lendemain, ça demandera beaucoup de travail. Mais il faudra une volonté des communautés pour parler.»

Entre-temps, Gregg Sedun demande au gouvernement de veiller à la perpétuation de l'exploration et du développement responsable au Québec. «Uracan s'engage à développer une relation durable et mutuellement avantageuse avec sa communauté. Mais Uracan a besoin du soutien du gouvernement du Québec», conclut-il dans sa lettre.

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Pour lire l'intégrale de la lettre d'Uracan, visitez www.lapresse.ca/uracan