Voici le texte de la lettre envoyée par le président et chef de la direction d'Uracan Resources, Gregg Sedun, au premier ministre Jean Charest, en janvier dernier. Uracan Resources fait de l'exploration d'uranium sur la Côte-Nord. Ses travaux sont contestés par des groupes environnementaux et par les municipalités locales.

-------------

Québec, le 25 janvier 2012

Monsieur le Premier ministre,

Uracan Resources Ltd. Est une entreprise axée sur l'exploration et le développement de son projet d'uranium dans l'Est du Québec, plus précisément dans la région de la Moyenne-Côte-Nord, entre Baie-Johan-Beetz et Natashquan. Depuis 2006, nous avons fourni des efforts acharnés pour la promotion de nos projets et avons investi près de 30 M$ dans l'exploration et le développement au Québec, dont une large part a été directement dépensée dans les communautés locales de Havre-Saint-Pierre, Sept-Îles, Aguanish et Baie-Johan-Beetz. En ce sens, nous sommes très fiers de souligner que l'essentiel des travaux d'exploration a été effectué par des fournisseurs et des consultants du Québec, dont plusieurs d'entre eux sont issus des communautés locales et des Premières nations.

Au cours des dernières années, il est devenu plus difficile pour Uracan de mener à bien ses travaux en raison de notre incapacité à obtenir dans un délai raisonnable le permis de travail demandé au ministère [des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF)]*. L'échéance habituelle pour la réception de ces permis de travail varie normalement entre 30 à 40 jours à partir du dépôt de la soumission. «Cependant, au cours de la dernière année, il nous a semblé évident que ce délai ne s'appliquait plus.»

L'été dernier, le programme d'exploration d'Uracan a subi un important retard dû au délai de traitement de la part du [MRNF] pour délivrer les permis de travail. Nous avions soumis des demandes pour de l'exploration en surface (tranchées de surface) ainsi que pour des travaux de forage au diamant le 17 juin 2011. Face au délai, nous avons questionné à plusieurs reprises la cause de ce retard. La seule explication qui nous ait été fournie par le Ministère est que le personnel autorisé était en vacances. Nous considérons que cette situation ne devrait pas avoir d'incidence sur la délivrance des permis. Ce n'est que 133 jours plus tard, soit le 28 octobre, que nous les avons finalement reçus. En revanche, le permis de la SOPFEU, qui a été soumis au cours de la même période que ceux au [MRNF], nous est parvenu le 5 juillet, bien que ce délai soit historique pour ce genre de permis. 

Les permis demandés auprès du [MRNF] ont été reçus près d'une semaine après la fin de nos activités sur le terrain. À ce moment, nous avons dû cesser nos travaux en raison de fortes intempéries et de contraintes budgétaires. En outre, ce retard nous a obligés à constamment modifier notre stratégie d'exploration au cours de l'été et de l'automne. En conséquence, certains espaces de la propriété n'ont pu être pleinement étudiés et nous avons dû repousser nos objectifs d'exploration d'une période minimale d'un an. Les accréditations, lorsque nous les avons finalement obtenues, n'avaient pratiquement plus aucune valeur pour la période de 2011. Ce type de retard, pour des activités d'exploration de routine, rend le travail coûteux, peu pratique et inflexible.

Puisque nous n'avions pas en main les permis nécessaires, Uracan a réduit de manière substantielle son programme estival et n'a pu effectuer les travaux prévus à son calendrier. Nous cherchons toujours à comprendre les raisons qui ont provoqué ce retard car auparavant, nous recevions les autorisations nécessaires dans un délai raisonnable et réussissions à terminer le programme prévu selon les exigences des permis.

Si Uracan, et par le fait même d'autres entreprises d'exploration, sont incapables de mener des travaux d'exploration de base, car les permis requis ne sont pas émis par les différents ministères du gouvernement en temps opportun, la taille et la portée des travaux d'exploration effectués au Québec devront être réévalués par rapport à d'autres territoires qui possèdent des normes et un échéancier de délivrance de permis plus définis et conséquemment, un environnement plus favorable pour l'exploration minière.

Uracan comprend que les communautés environnantes ont besoin d'être informées et que nous devons le faire avec toute transparence. En tant que société, nous respectons notre engagement envers ces valeurs en organisant des séances d'information pour le grand public, en fournissant des informations détaillées sur nos activités d'exploration à divers organismes gouvernementaux et non gouvernementaux tels que OBV Duplessis. Uracan a d'ailleurs organisé pour les journalistes locaux des visites de ses sites et a répondu rapidement et ouvertement à toutes les préoccupations du public sur ses activités dans la région. La société a également expliqué ses activités à de nombreuses personnes, tels des adeptes de la pêche et des activités de plein air aussi bien qu'aux Premières Nations, et s'est informé sur les moyens à prendre pour réduire l'impact de ses opérations. Ce faisant, Uracan a mis en oeuvre des mesures pour atténuer les effets indésirables en modifiant, entre autres, les programmes d'exploration, en détournant des parcours d'hélicoptères et en réduisant ses activités.

Notre compagnie est pleinement consciente des inquiétudes suscitées par ses activités d'exploration d'uranium au Québec, particulièrement dans la région de la Côte-Nord. Ainsi, nous avons pris de nombreuses mesures pour réduire les impacts environnementaux et apaiser les inquiétudes des citoyens. En plus de se conformer rigoureusement à tous les règlements environnementaux et les inspections, Uracan va au-delà des exigences réglementaires en utilisant des bermes pour tous ses entreposages de carburant sur le site ainsi que sur tous les sites de forage. Des trousses de déversement de carburant sont également présentes sur les sites de forage. Par ailleurs, nous nous efforçons d'utiliser des produits biodégradables et écologiques sur les sites de forage. En outre, toutes les ordures sont retirées des zones de travail et éliminées dans des installations d'enfouissement approuvées.

Uracan a toujours été un fidèle partisan des communautés avec lesquelles elle travaille. Nous nous efforçons d'être un partenaire dans le développement économique et la prospérité de ces communautés. Nous sommes fiers de soutenir les différentes activités locales telles que le Festival de la famille à Havre-Saint-Pierre, les équipes de hockey et de ringuette de même que le club de motoneige régional.

Il devient de plus en plus évident que le Québec devient un lieu difficile pour mener à terme des projets d'exploration miniers dans le secteur de l'uranium. Un des obstacles majeurs demeure le manque de précision dans les délais d'autorisation.

Également, un nombre d'initiatives incluses dans les amendements du projet de loi 14 sur les mines au Québec remet même en question la viabilité quant à la poursuite de nos activités au Québec. Les récentes décisions prises par les différentes municipalités et la MRC de la Moyenne-Côte-Nord de s'opposer à l'exploration et l'exploitation minière de l'uranium entraîneraient la fin de tous les projets actuels et futurs. Les amendements proposés dans le projet de loi 14 donneraient un droit de veto à la MRC et aux municipalités sur tous les projets d'exploitation minière dans leur région. Cette perspective oblige Uracan à repenser ses programmes de travail au Québec jusqu'à ce que la compagnie soit en mesure d'explorer efficacement la mine d'uranium sur la Moyenne-Côte-Nord.

Le bureau du Premier ministre est déjà conscient que les sociétés d'exploration et d'exploitation minière sont des acteurs majeurs de l'économie québécoise en termes d'emplois et de recettes fiscales. Le gouvernement doit donc veiller à ce que l'exploration et le développement responsable peuvent se perpétuer au Québec. Dans le cas contraire, il n'y a pas de doute que le Québec continuera de descendre vers le bas du classement mondial des juridictions où les minières voudront travailler.

En tant que citoyen corporatif responsable dans la région de la Côte-Nord, Uracan s'engage à développer une relation durable et mutuellement avantageuse avec sa communauté. Mais Uracan a besoin du soutien du gouvernement du Québec.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l'expression de ma plus haute considération.

Gregg, J. Sedun, LLB

Président-directeur général

Uracan Resources LTD.

*Dans sa lettre, Uracan affirme que les demandes de permis avaient été déposées au ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP). Or, les demandes ont plutôt été déposées au MRNF, comme il se doit. Uracan nous a confirmé qu'il y avait eu erreur dans la lettre, et que le ministère visé était bel et bien le MRNF.