Les récentes hausses de prix à la pompe pourraient nuire à la reprise économique qui se profile aux États-Unis. Au sud de la frontière, le prix moyen du gallon d'essence flirte actuellement avec le seuil jugé critique des 4$US.

«Nous estimons qu'à partir de 4$US le gallon, ça commence à être un frein pour l'économie américaine», a expliqué hier Mathieu d'Anjou, économiste principal chez Desjardins.

Plus importants consommateurs de pétrole de la planète, les Américains se plaignent de payer l'essence trop cher, même si leur sort reste enviable par rapport aux automobilistes ailleurs dans le monde (voir tableau). Par exemple, le prix du régulier atteignait récemment l'équivalent de 9,33$US le gallon à Oslo, en Norvège, et 8,51$US le gallon à Rome, en Italie, selon une étude de la firme américaine AIRINC. Par comparaison, l'essence ordinaire se vend ces jours-ci à Montréal aux environs de 5,09$ le gallon (1,34$ le litre) lorsqu'on fait la conversion.

Le prix de l'essence est même devenu un enjeu majeur de la campagne électorale américaine en cours.

Habitués à des prix relativement bas à la pompe, nos voisins du Sud ont développé une relation particulière avec leur voiture. «L'automobile fait partie de leur vie, beaucoup plus qu'en Europe ou ailleurs», constate l'économiste de Desjardins.

Selon lui, si le prix dépasse les 4$US, cela aura un effet sur la confiance des consommateurs américains. C'est d'abord un effet psychologique, mais qui a ensuite un impact réel sur l'économie, explique-t-il.

Même si l'économie américaine a montré récemment quelques signes d'embellie, il faudra attendre la fin du premier trimestre de l'année pour savoir avec certitude si la reprise est bel et bien amorcée.

Chose certaine, la demande d'essence des Américains reste anémique et ne peut pas être responsable de la poussée des prix à la pompe. Peut-être à cause du prix relativement élevé de l'essence, ils utilisent moins leur voiture.

«Depuis le début de l'année, la distance parcourue en auto est en baisse de 7% aux États-Unis par rapport à la même période l'an dernier», souligne Mathieu d'Anjou.

Le conflit qui couve entre les États-Unis et l'Iran au sujet du programme nucléaire de la République islamique continue de pousser le prix du brut à la hausse. Ces tensions géopolitiques ont accru la spéculation, ce qui ajoute de 10 à 20$US au prix du baril, selon l'économiste de Desjardins.

Hier, le brut de référence américain (WTI) a fini la journée à 106,72$US sur le marché de New York, en hausse de 2 cents par rapport à vendredi. Le cours du Brent, prix de référence en Europe et dans l'est de l'Amérique du Nord, a augmenté de 15 cents, à 123,80$US.

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Quand on se compare, on se console

Prix de l'essence ordinaire dans le monde ($US par gallon)

1. ASMARA, ÉRYTHRÉE 9,58$

2. OSLO, NORVÈGE 9,33$

3. ROME, ITALIE 8,51$

4. COPENHAGUE, DANEMARK 8,48$

5. MONTE-CARLO, MONACO 8,46$

6. LONDRES, ROYAUME-UNI 8,12$

7. PARIS, FRANCE 8,06$

8. HONG KONG, CHINE 7,85$

9. BERLIN, ALLEMAGNE 7,76$

10. TOKYO, JAPON 6,59$

NEW YORK, ÉTATS-UNIS 3,99$

MONTRÉAL, CANADA 5,09$

Source: AIRINC