Les cours du coton ont flambé lundi à New York, soutenus par la décision surprise de l'Inde d'imposer un embargo sur les exportations de fibre blanche à l'étranger.

Les autorités commerciales indiennes ont annoncé que «l'exportation du coton a été interdite jusqu'à nouvel ordre, y compris les exportations déjà prévues».

Deuxième plus grand producteur et exportateur de coton du monde, le sous-continent avait déjà pris une telle décision il y a près de deux ans.

«L'embargo intervient au moment où les objectifs d'exportation de l'Inde ont été atteints. Il a également pour but de faire en sorte que le marché local soit suffisamment approvisionné», a déclaré Ravi Singh, analyste auprès de SMC Global Securities.

Cette mesure a aussitôt entraîné une force augmentation des cours sur l'Intercontinental Exchange de New York. La balle de fibre blanche pour livraison en mai a terminé à 92,23 cents, en hausse de 4,5% (quatre cents) par rapport à vendredi.

À l'inverse, sur l'indice indien des prix MCX Kapas, les prix pour avril ont baissé de 4% face à la perspective d'une amélioration des approvisionnements.

«La réaction initiale du marché est qu'il va falloir acheter ce coton ailleurs, ce qui signifie des cours en hausse» à New York, a résumé à l'AFP John Flanagan, stratège chez Flanagan Trading.

La hausse devrait toutefois rapidement s'essouffler car les réserves mondiales de cette matière première essentielle à l'industrie du textile restent élevées.

«L'augmentation des stocks reflète une normalisation sur le marché du coton, où l'offre avait été très resserrée en raison des problèmes de production et des prix élevés ayant caractérisé la période 2009-2011», ont avancé les experts de Barclays Capital.

L'effritement de la demande, causé notamment par «l'incertitude macro-économique», a permis aux réserves mondiales de coton de se reconstituer, ont-ils ajouté.

Reste que cette décision risque de lourdement handicaper la Chine, important importateur de coton indien.

L'Inde a déjà exporté 8,5 millions de balles depuis le début de l'exercice qui s'achève fin mars, soit plus que les prévisions gouvernementales annuelles, qui étaient plafonnées à 8,4 millions.

Et les exportations indiennes de coton étaient en passe de dépasser les 10 millions de balles, vu la demande des fabriques en Chine, a déclaré Siddhartha Rajagopal, PDG du Cotton Textiles Export Promotion Council.

Cet embargo sur les exportations vise à rassurer les fabricants de textile indiens qui craignaient une pénurie et une hausse des prix, a indiqué M. Rajagopal. Mais pour les acheteurs, il va falloir remplacer dans l'immédiat entre 1,5 et 3,5 millions de balles déjà commandées, en majorité par la Chine.

«Les acheteurs chinois vont devoir décider s'ils se rabattent vers d'autres fournisseurs - les États-Unis surtout - ou s'ils se replient et attendent de voir ce que l'Inde va faire», a expliqué John Flanagan.

Selon le stratège, il faut s'attendre à ce que les producteurs indiens fassent pression pour que les contrats déjà vendus soient honorés. «Ils ont intérêt à s'assurer que les balles déjà vendues soient livrées».

Reste que «l'Inde montre qu'elle n'est pas un fournisseur fiable», a fait valoir M. Flanagan. «Les acheteurs qui dépendent (de ce pays) vont commencer à se dire qu'ils ne peuvent plus compter sur» lui.