Ce n'est pas pour admirer le panorama de la Ville reine que plus de 28 000 délégués de 120 pays convergent à deux pas de la tour CN, où s'est ouvert hier le congrès de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs miniers. S'il y a 10 fois plus de participants à l'événement qu'il y a 20 ans, c'est qu'il y a plus d'argent que jamais consacré à l'exploration minière sur la planète. Des milliards, en fait, que comptent bien attirer les sociétés, fournisseurs et gouvernements présents à Toronto.

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En deux ans, les budgets d'exploration des sociétés minières ont plus que doublé sur la planète. En 2011, ils ont atteint 18,2 milliards, en excluant la recherche de minerai de fer, contre 12 milliards en 2010 et un peu plus de 8 milliards en 2009.

Après avoir sondé près de 3500 sociétés, la firme de recherche Metals Economics Group (MEG) a dévoilé ces données hier au début du plus grand congrès minier du monde. Aux 18,2 milliards estimés s'ajouteraient 2,5 milliards pour l'exploration de fer, secteur sur lequel la firme dispose de moins de données fiables.

Le précédent sommet des dépenses d'exploration avait été atteint en 2008, mais les budgets n'avaient pas dépassé 15 milliards. Il y a 10 ans, dans le creux du cycle minier, on ne parlait que de 2 milliards.

La hausse considérable des prix des métaux - bien au-delà des tendances à long terme - explique cette augmentation des budgets. Un peu partout, sauf en Amérique latine, c'est encore l'or qui fait rêver les explorateurs. Au Québec, plus de 75% des résultats de forage annoncés en 2011 (en excluant le fer) concernaient le précieux métal.

Le Canada accapare 18% des dépenses d'exploration mondiale, devant l'Australie (13%) et les États-Unis (8%). Selon le MEG, le Québec attire 17% des budgets canadiens de 3,2 milliards, derrière l'Ontario (26%).

Le Québec ferait sans doute un peu mieux si on incluait le fer, qui comptait pour 6,2% des dépenses d'exploration en 2010, selon l'Institut de la statistique du Québec.

Incertitude en 2012

Après deux grands bonds de 50% dans les 24 derniers mois, l'année 2012 s'annonce un peu moins éclatante, avec une croissance prévue de 5 à 15% des dépenses - ce qui mènerait néanmoins à un nouveau record. Car si les grandes sociétés minières devraient continuer à augmenter leurs budgets d'exploration, rien n'est moins sûr pour les juniors.

«Alors que le rythme des financements s'est affaibli à la fin de 2011 - traditionnellement la période la plus faste de l'année pour les petites sociétés qui font le plein en vue de la prochaine saison d'exploration -, plusieurs entreprises ont eu du mal à réunir les fonds nécessaires pour maintenir ou accroître les dépenses d'exploration en 2012», remarque le MEG.

Si le marché des actions ne s'améliore pas, souligne la firme, il y aura des réductions budgétaires obligées. Selon une autre étude récente de MEG, les financements de sociétés juniors ont diminué de 24% en 2011, à 21,5 milliards.