Alcoa (AA) a lancé hier le bal des résultats annuels avec une perte plus importante que prévu à son quatrième trimestre, mais l'entreprise parie sur une embellie du marché de l'aluminium en 2012.

Le producteur d'aluminium, considéré comme un baromètre de l'économie américaine, affiche une perte de 193 millions US (18 cents US par action) au dernier trimestre de son exercice. En ne tenant pas compte des charges spéciales dues à la réduction de production annoncée la semaine dernière, la perte du trimestre se réduit à 34 millions US (3 cents US par action).

Cette perte est supérieure à celle attendue par les analystes, qui avaient réduit leurs attentes à la suite de l'annonce de cette réduction de production et qui tablaient sur une perte de 1 cent US par action, selon Bloomberg. Le titre d'Alcoa, qui avait grimpé de 2,9% en cours de séance à la Bourse de New York hier, à 9,43$US, s'échangeait au même niveau sur les marchés hors cote une fois les résultats connus. L'action d'Alcoa n'a pas cessé de baisser depuis juillet 2011, alors qu'elle valait plus de 16$US.

Pour l'exercice complet, Alcoa affiche une meilleure performance, avec un profit net de 614 millions US (55 cents US par action), plus du double des 262 millions US (25 cents US par action) du trimestre correspondant de 2010. Les revenus de l'exercice sont en hausse de 19%, à 25 milliards US.

«Alcoa a obtenu une solide performance dans une année volatile parce qu'elle a réagi rapidement aux changements du marché», a indiqué son président, Klaus Kleinfeld. En raison de la baisse du prix de l'aluminium, Alcoa a décidé de réduire sa capacité de production de 12%, ou 531 000 tonnes. L'entreprise de Pittsburgh fermera deux usines, une en Italie et l'autre au Tennessee, et réduira la production dans trois autres, deux en Espagne et l'autre au Texas.

Cette réduction de production, combinée à celle de Rio Tinto Alcan qui est privée d'une partie de sa capacité de production en raison d'un lock-out et d'un bris d'équipement dans deux de ses usines au Québec, pourrait contribuer à faire remonter le prix du métal en 2012.

Le grand patron d'Alcoa s'attend d'ailleurs à ce que l'offre de métal primaire soit inférieure à la demande en 2012. Il prévoit un déficit de 600 000 tonnes par rapport aux besoins. L'augmentation de la demande viendra principalement du secteur aéronautique et de celui de l'automobile, prévoit l'entreprise.

Le prix de l'aluminium a baissé de 25% depuis son sommet de l'année en avril, en raison de l'incertitude économique en Europe et du ralentissement en Chine.

La réaction d'Alcoa à cette détérioration du marché a épargné ses usines du Québec, où des projets d'investissement sont en cours. Alcoa a donné le feu vert en 2011 à des investissements de 2,1 milliards US dans trois usines québécoises. Une somme de 1,2 milliard US sera consacrée à la modernisation de son aluminerie de Bécancour et 300 millions US iront à l'aluminerie de Deschambault et à celle de Bécancour, qui est une coentreprise avec Rio Tinto Alcan. Divers travaux de mises à niveau sont aussi prévus au coût de 600 millions US. Au total, ces investissements devraient se traduire par une augmentation de la production de 120 000 tonnes par année.