Les cours des métaux industriels échangés au London Metal Exchange (LME) ont lourdement trébuché cette semaine, emportés par les inquiétudes croissantes sur la zone euro, dont les dirigeants peinent à convaincre les marchés de leur capacité à résoudre la crise de la dette.

Les déboires de la zone euro, exacerbant les craintes toujours vives d'un trop net ralentissement de la croissance économique mondiale, ne cessent de hanter les investisseurs, les incitant à bouder de concert les actifs les plus risqués et donc les matières premières.

Le prix du cuivre a ainsi abandonné quelque 8% entre lundi et jeudi, tout comme l'étain, le plomb et le zinc, tandis que l'aluminium perdait près de 7%, seul le nickel résistant à la morosité ambiante.

«L'optimisme des investisseurs sur l'Europe s'est rapidement évanoui. Le sommet européen (des 8 et 9 décembre) a permis de faire quelques progrès, mais très insuffisants pour rassurer le marché» sur la crise des dettes souveraines, a commenté Dan Smith, analyste de Standard Chartered.

Le plan présenté au cours de ce sommet propose de durcir la discipline budgétaire européenne, mais comporte beaucoup de zones d'ombres, ce qui n'a guère convaincu les agences de notation financière - à telle enseigne que des rumeurs de marchés évoquaient depuis mercredi une dégradation imminente de la note de la France par l'agence Standard and Poor's.

Certains pays ayant soutenu initialement le plan européen ont ensuite semblé rétracter, et la chancelière allemande Angela Merkel a jeté de l'huile sur le feu en réitérant mercredi son opposition à un renforcement du futur Mécanisme européen de stabilité (MES), destiné à succéder au Fonds de secours de la zone euro (FESF).

«Les gros titres sur la zone euro et le renchérissement du dollar» ont fait glisser les métaux industriels vers leurs plus bas niveaux depuis novembre, a observé Robin Bhar, analyste de Crédit Agricole.

Sous pression, l'euro est tombé mercredi sous le seuil de 1,30 $ pour la première fois depuis janvier, et ce renforcement du billet vert rendait encore moins attractifs les achats de métaux, libellés en dollars.

«Alors que les volumes d'échanges se réduisent à l'approche de Noël (...) la pression sur les prix des métaux va encore s'accentuer, puisque les investisseurs se retiennent d'acheter juste avant la fin de l'année», a ajouté M. Bhar.

Les cours ont cependant tenté un timide rebond jeudi, après des indicateurs encourageants sur l'activité manufacturière des régions de Philadelphie et de New York aux États-Unis en décembre, mais dès vendredi, l'annonce d'un nouveau recul de la production manufacturière en Chine (premier pays consommateur de métaux de base), en décembre également, refroidissait le marché.

CUIVRE

Le cuivre pâtissait de surcroît de la fin d'une grève de trois mois dans la mine indonésienne de Grasberg (qui représente environ 4% de l'offre mondiale de métal rouge), le groupe américain Freeport McRoran, propriétaire de cette mine géante, ayant accepté mardi une augmentation des salaires.

Cette grève, qui a entraîné un manque de production de plus de 100 000 tonnes de cuivre selon les estimations de Barclays Capital, avait creusé l'important déficit sur le marché mondial et apporté un soutien relatif aux cours du métal.

ZINC ET PLOMB

Le zinc et le plomb souffrent d'un fort excédent de production à l'échelle mondiale: sur les 10 premiers mois de 2011, cet excédent s'est élevé à 308 000 tonnes pour le zinc et à 159 000 tonnes pour le plomb, en nette augmentation par rapport à 2010 (+50% pour le zinc, plus que doublé pour le plomb), selon le Groupe international d'études sur le zinc et le plomb (ILZSG).

Sur le LME, la tonne de cuivre pour livraison dans trois mois s'échangeait à 7345 $ vers 10h30 contre 7750 $ le vendredi précédent vers la même heure.

L'aluminium valait 2008$ la tonne contre 2080$.

Le plomb valait 1990$ la tonne contre 2105$.

L'étain valait 18 775$ la tonne contre 20 100$.

Le nickel valait 18 500$ la tonne contre 18 500$.

Le zinc valait 1865$ la tonne contre 1992$.