Il y a 700 maisons dans le village, mais il y aurait un besoin pour 400 autres. La construction va bon train: de 15 à 20 maisons par année, petites ou grandes, et des infrastructures communautaires comme le récent aréna. Mistissini croît à vive allure. Le défi est de poursuivre sur cette lancée.

> Suivez Hugo Fontaine sur Twitter

«Nous avons besoin de 100 emplois par année pour conserver le même taux d'emploi», explique le chef Richard Shecapio, que La Presse Affaires a rencontré dans le spacieux hôtel de ville de la communauté. Avec ses 3400 habitants, Mistissini, au bord de l'immense lac Mistassini, est la deuxième communauté crie en importance au Québec, après Chisasibi.

Aujourd'hui, la moitié de la population est âgée de 13 à 29 ans. Il faut que cette génération puisse trouver du boulot dans le coin.

L'industrie minière se présente comme une partie de la solution. Stornoway Diamond et Ressources Strateco, sur les territoires de trappe de Mistissini, font appel à des Cris pour l'exploration, la machinerie et les cuisines, entre autres.

Déjà, plusieurs Cris ont développé une expertise minière à la mine Troilus (Inmet), qui a fermé en 2010 après 13 ans d'exploitation. Pour beaucoup, les grandes maisons du village sont le résultat d'années de travail à la mine, à bon salaire.

Une dizaine d'autres jeunes Cris suivent chaque année une formation de terrain offerte par le Conseil cri sur l'exploration minérale. Il ne s'agit toutefois pas que d'obtenir des emplois pour les jeunes Cris, soutient James MacLeod, propriétaire d'une entreprise de services d'exploration minière et d'une autre de services environnementaux (EnviroCri).

«Pour l'instant, les jeunes Cris ne travaillent qu'au début des projets miniers, explique celui qui a 25 ans d'expérience dans le milieu. Le défi est de les intéresser suffisamment pour qu'ils deviennent dynamiteurs, géologues, ingénieurs et qu'ils demeurent avec les sociétés minières.»

Un mot à dire

Les communautés cries sont plus intéressées qu'avant par le secteur minier, remarque James MacLeod. Elles y voient de belles occasions économiques, mais elles se sentent aussi plus concernées par les impacts et les répercussions des projets industriels.

«Les Cris ne sont pas contre le développement, mais ils veulent protéger l'environnement et conserver leur mode de vie traditionnel», résume le chef Shecapio.

La communauté tient donc à avoir son mot à dire sur les projets. Elle négocie présentement avec Stornonay Diamond Corporation, qui développe un projet de diamant sur les lignes de trappe d'une famille de Mistissini. Le projet d'uranium de Ressources Strateco, par contre, n'a toujours pas l'appui du conseil de bande et d'une partie de la communauté.

Mistissini observe aussi de près le prolongement de la route 167, qui montera jusqu'au nord de leurs territoires. La communauté souhaite voir des entreprises cries incluses dans des partenariats pour la construction. Le tourisme a toutes les chances d'augmenter, notamment avec la création éventuelle du parc national Albanel-Témiscamie-Otish, et Mistissini pourrait en tirer profit. La route offrira également aux Cris de Mistissini un meilleur accès à leurs territoires de chasse et de trappe.

En même temps, ils promettent d'être vigilants. D'autres chasseurs gagneront aussi un accès à leur territoire. Les Cris poseront aussi beaucoup de questions au ministère des Transports sur l'impact de la route sur l'eau et les ravages d'orignaux.

Globalement, le chef Shecapio voit toutefois le Plan Nord d'un bon oeil «pourvu que la communauté soit activement impliquée dans le développement régional». De ce qu'il a vu et senti jusqu'à maintenant, il est optimiste.