Le Québec n'a pas beaucoup d'expérience en matière de pétrole et de gaz, mais il a déjà une très mauvaise réputation auprès de l'industrie. À cause de la controverse sur le gaz de schiste, la province est maintenant considérée comme un des pires endroits du Canada et du monde pour investir dans l'exploration et l'exploitation d'hydrocarbures.

C'est ce qu'indique le dernier sondage réalisé par l'Institut Fraser auprès de 478 sociétés pétrolières et gazières actives dans le monde. Ensemble, ces entreprises ont injecté 60% des sommes dépensées dans ce secteur l'an dernier. Au Canada, le Québec est considéré par l'industrie comme un des endroits les moins attrayants pour y investir. Il vient à l'avant-dernier rang, devant les Territoires du Nord-Ouest.

À l'échelle mondiale, le Québec obtient le pire classement depuis qu'il a été inclus dans le sondage, en 2009. Cette année-là, la Belle Province était classée par l'industrie au 68e rang sur 143 pays ou territoires. L'an dernier, il était 77e sur 133 et cette année, il a dégringolé à la 92e place sur les 136 pays et territoires représentés dans le sondage.

«La polémique autour de l'exploitation du gaz de schiste au Québec donne certainement une image négative de la province aux sociétés pétrolières mondiales» , estime un des coauteurs de l'étude, Gerry Angevine, qui est économiste principal à l'Institut Fraser.

Les entreprises sondées ont donné leur avis sur 17 aspects de leur environnement d'affaires, de la réglementation à la fiscalité en passant par la sécurité et la stabilité politique.

Les opposants au gaz de schiste ne sont pas les seuls à trouver la réglementation déficiente. Les entreprises ont la même opinion, selon le sondage.

Le Québec obtient d'ailleurs sa pire note à ce chapitre. Il arrive 17e parmi les pires administrations sondées dans le monde, alors qu'il était 55e l'an dernier.

L'auteur de l'étude attribue cette mauvaise note aux changements apportés par le gouvernement dans les règles du jeu pour répondre à l'opposition croissante des citoyens. «L'industrie n'avait aucune idée de ce qui s'en venait, explique-t-il. Les sociétés qui exerçaient des activités d'exploration et planifiaient la production depuis plusieurs années avec l'approbation du gouvernement se retrouvent bloquées.»

Récriminations

Invités à commenter leur évaluation, les représentants des entreprises sondées ont souligné l'hystérie qui entoure le débat sur le gaz de schiste au Québec et les fausses informations divulguées par des «écologistes trop zélés».

Mais l'industrie adresse des reproches à presque toutes les administrations, y compris celles qui offrent un meilleur accueil que le Québec.

Par exemple, en Alberta, classée 51e dans le monde, l'administration est jugée très lente à accorder des permis de forage.

Globalement, c'est en Amérique du Nord, en Europe, en Australie et en Nouvelle-Zélande que les entreprises pétrolières et gazières se sentent les mieux accueillies.

Quatre États américains font partie du top 10 année après année. Il s'agit du Mississippi, de l'Oklahoma, du Texas et de l'Alabama.

À l'inverse, les pires endroits sont le Venezuela d'Hugo Chavez, l'Équateur, la Bolivie, l'Iran et le Kazakhstan. Ces pays se retrouvaient eux aussi au dernier rang dans les sondages précédents.

L'Institut Fraser est un organisme indépendant qui défend le principe du libre marché. Son premier sondage mondial sur l'industrie pétrolière et gazière remonte à 2007. Le Québec y figure depuis 2009.

Les résultats complets du sondage 2011 sont publiés à l'adresse www.institutfraser.org

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