Le groupe pétrolier américain ConocoPhillips (COP) a publié mercredi un bénéfice net de 3 milliards de dollars pour le premier trimestre, en hausse de 43% mais nettement inférieur aux attentes, le PDG Jim Mulva indiquant que les objectifs de production n'ont pas été atteints.

Rapporté au nombre d'actions et hors éléments exceptionnels, le bénéfice revient à 1,82 dollar, alors que les analystes attendaient 1,95 dollar.

Le chiffre d'affaires, en hausse de 27% à 58,25 milliards de dollars, est également très nettement en deçà de ce qui était attendu (61,72 milliards).

«Même si nos résultats financiers sont très améliorés par rapport à il y a un an, la production en exploration-production et l'utilisation des capacités de raffinage-marketing n'ont pas atteint nos objectifs», a concédé M. Mulva, cité dans un communiqué.

L'action perdait 2,96% à 78,80 dollars vers 12h50 à la Bourse de New York.

En outre, «le trimestre a subi un impact négatif d'environ 200 millions de dollars lié à du chômage technique imprévu, et au versement de (primes) liées à la performance d'il y a un an», a-t-il plaidé.

La production du trimestre s'est élevée à 1,7 million de barils équivalent pétrole (bep) par jour, soit 125 000 de moins qu'il y a un an - la différence s'expliquant à la fois par des cessions (à hauteur de 50 000 bep/jour) et des suspensions de production imprévues (65 000 bep/jour).

Globalement, le bénéfice d'exploitation de l'exploration-production a grimpé de 28% à 2,35 milliards de dollars, tiré par l'international (+38,5% à 1,45 milliard contre +10% à 863 millions pour les États-Unis).

Le groupe a souffert de la crise en Libye.

«Les événements en Libye ont eu un impact négatif sur notre production au premier trimestre, ce qui va continuer, au rythme de 45 à 50.000 barils par jour», a indiqué le directeur financier Jeff Sheets lors d'une téléconférence avec des analystes.

«L'impact sur les bénéfices en numéraire sera d'environ 25 à 30 millions de dollars par trimestre», a-t-il précisé.

Côté raffinage et marketing, le taux d'utilisation des installations américaines n'a été que de 87%, contre 96% à l'international, mais le bénéfice d'exploitation a pu bondir à 482 millions de dollars, après une perte il y a un an, grâce à de meilleures marges.

La chimie a également enregistré un bénéfice d'exploitation «record» à 193 millions de dollars (+75%), avec de meilleures marges et des coûts améliorés.

M. Sheets a par ailleurs évoqué les projets fiscaux du gouvernement britannique, et leur impact prévisible sur les résultats du groupe.

«S'ils sont mis en oeuvre au troisième trimestre (...), nous pensons que nous annoncerons des charges comptables d'environ 100 millions de dollars en raison de la nouvelle mesure de notre assiette fiscale», a-t-il prévenu.

Afin d'atténuer l'impact de l'envolée des prix du pétrole pour les automobilistes, le ministre britannique des Finances George Osborne a annoncé il y un mois une diminution immédiate des taxes sur l'essence, financée par une taxation alourdie sur la production d'hydrocarbures en mer du Nord.

Cette annonce a conduit le groupe pétrolier norvégien Statoil à suspendre deux gros investissements d'une valeur totale de plus de 10 milliards de dollars en mer du Nord, mais ConocoPhillips n'a fait aucune annonce de ce type.

Les bénéfices des compagnies pétrolières sont également dans la ligne de mire de la Maison Blanche, mais aucun projet fiscal n'a encore été mis sur la table.

Mardi le président Barack Obama a appelé le Congrès à «éliminer les réductions d'impôts injustifiées en faveur du secteur pétrolier».