Le gouverneur du New Hampshire, John Lynch, a profité de sa première visite officielle au Québec pour réitérer son appui à la ligne de distribution qu'Hydro-Québec veut construire dans son État. Il demande toutefois à Hydro-Québec de convaincre les opposants à la ligne Northern Pass, qui pourrait entrer en fonction dès 2015.

«Tant que les gens du New Hampshire appuient le projet, je suis aussi en faveur. C'est un projet significatif, car on parle de 1200 mégawatts pour le New Hampshire et la Nouvelle-Angleterre. Mais le projet doit avoir l'appui des gens vivant dans le nord du New Hampshire dont les terres seront touchées. C'est à Hydro-Québec (et ses partenaires américains) de les impliquer. Le projet ne se réalisera pas sans l'appui des gens du New Hampshire», dit John Lynch en entrevue à La Presse Affaires.

Au terme de sa visite de deux jours au Québec, le gouverneur démocrate a discuté du projet d'Hydro-Québec avec le premier ministre Jean Charest au cours d'une rencontre privée hier après-midi. «C'est un projet important pour le gouvernement, car il va favoriser l'exportation d'hydroélectricité aux États-Unis, mais nous ne sommes pas insensibles aux préoccupations des citoyens du Québec et du New Hampshire», a indiqué Luc Fortin, conseiller en communications du premier ministre Jean Charest.

Hydro-Québec et ses partenaires privés américains, NSTAR et Northeast Utilities (Public Service), veulent obtenir la permission de construire la ligne de distribution en 2012. Des citoyens du nord du New Hampshire s'opposent toutefois à cette nouvelle ligne de distribution de 1,1 milliard US, qui pourrait entrer en fonction en 2015. Avec Northern Pass, le Québec pourrait distribuer de l'hydroélectricité en quantité importante au New Hampshire et dans l'État de New York, comme la société d'État le fait actuellement au Vermont.

Projet de TGV

John Lynch et Jean Charest ont aussi abordé la question d'un train à haute vitesse Montréal-Boston qui passerait par le New Hampshire. «Je suis ouvert aux discussions. En Europe, le TGV a été bon pour le développement de l'économie. Mais ma priorité est de relier les villes de Nashua, Manchester et Concord en train vers Boston», a dit John Lynch à La Presse Affaires.

Accompagné de 17 entreprises de son État, John Lynch a tenté de convaincre des entreprises québécoises de faire une expansion au New Hampshire, l'un des États les moins imposés au pays de l'Oncle Sam. «Le New Hampshire est un excellent endroit pour faire des affaires: nous n'avons pas de taxes à la consommation, pas d'impôt d'État, pas d'impôt sur le gain en capital, dit-il. Ne pas avoir d'impôts d'État nous permet d'attirer des travailleurs qualifiés. Sans eux, c'est difficile d'attirer des entreprises.»

Avec l'été qui approche, le gouverneur du New Hampshire espère aussi faire le plein de touristes québécois. «Du million de touristes canadiens que nous accueillons chaque année, la moitié provient du Québec. Nous voulons augmenter ce nombre. Avec notre héritage francophone et notre amour de l'environnement, les Québécois se sentent bien dans le New Hampshire. Et sans taxes à la consommation, les gens peuvent venir acheter chez vous», dit John Lynch, qui a eu des discussions avec Air Canada pour établir des liaisons aériennes vers son État.

Le gouverneur Lynch effectuait jeudi et hier sa première visite officielle au Québec. «Mais j'y suis souvent venu pour disputer des tournois alors que j'étais entraîneur d'une équipe de softball au New Hampshire», dit-il.

Un quatrième mandat

Ancien directeur des admissions à la Harvard Business School, puis PDG du fabricant de meubles Knoll, John Lynch a été élu gouverneur du New Hampshire en 2004. Ce démocrate est à son quatrième mandat de deux ans comme gouverneur de cet État traditionnellement républicain.

Sur la scène nationale, John Lynch a connu son moment de gloire au cours de la campagne présidentielle de 2008 quand il a accueilli Barack Obama et Hillary Clinton dans la ville de Unity au New Hampshire. Ce rassemblement populaire marquait la fin de la rivalité Obama-Clinton au sein de la grande famille démocrate après une lutte de tous les instants lors des primaires.