Troisième groupe minier de la planète, Rio Tinto (RTP) s'est engagé dans une bataille pour réduire ses coûts au Canada. Et cela est vrai tant dans le secteur du fer que dans celui de l'aluminium, a indiqué hier le chef de la direction, Tom Albanese, en marge d'une allocution devant la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

> Suivez Hugo Fontaine sur Twitter

IOC, dont Rio Tinto est actionnaire majoritaire et qui est le plus important producteur de fer canadien, devra se tourner vers l'Asie pour continuer sa croissance. Mais cela passe par un contrôle serré des coûts, explique Tom Albanese

En conférence de presse, le patron a d'abord indiqué que l'expansion de Rio Tinto dans le fer canadien allait se faire via IOC, qui dispose déjà de bonnes infrastructures et d'une position géologique intéressante dans la région de Labrador City. Pas question donc de sortir le chéquier pour acheter de nouveaux projets qui naissent au Québec, au Labrador ou dans le Grand Nord canadien.

«Mais il faut mieux positionner IOC pour qu'elle soit compétitive en Asie», précise M. Albanese. Traditionnellement, le marché d'IOC est l'Europe et les États-Unis. Mais ces marchés seront statiques ou en déclin, soutient M. Albanese. Il n'est plus nécessaire d'insister sur le fait que c'est de l'Asie que viendra la demande.

Or, IOC souffre d'un désavantage géographique certain face au fer australien. «Il faut donc améliorer le rendement et les coûts d'IOC, dit Tom Albanese. Et ce faisant, nous pourrons attirer du capital pour poursuivre l'expansion».

Rio Tinto détient 58,7 % des actions d'IOC. Mitsubishi Corporation possède 26,2 % de la société, tandis que le reste des actions appartient à Labrador Iron Ore Royalty Income Fund, une fiducie cotée à Toronto.

IOC a déjà annoncé une expansion de sa production de 18 à 23,3 millions de tonnes. Une autre phase visant à faire passer la capacité à 26 millions de tonnes pourrait être lancée en 2012. IOC explore aussi au nord de ses propriétés du Labrador.

Le projet d'une usine de bouletage à Sept-Îles, abandonné pendant la crise financière, n'est toutefois pas près de revoir le jour. La différence entre le prix du concentré de fer, par rapport à celui de la boulette, ne justifie plus l'investissement important que nécessiterait une usine, a expliqué Tom Albanese.

Prudence dans l'aluminium

Dans le secteur de l'aluminium, Rio Tinto Alcan garde la même prudence qu'elle affiche depuis la récession. Certes, le prix est bon et Tom Albanese s'attend à une croissance annuelle de la demande de 4 à 5 % dans les deux prochaines décennies - merci aux pays émergents. Mais les stocks sont très élevés depuis la crise. Si le prix reste solide malgré cela, c'est que les taux d'intérêt sont encore bas. Ce sera différent quand les taux monteront, croit Tom Albanese.

Dans ce contexte, Rio Tinto Alcan met l'accent sur des investissements qui permettent de moderniser les vieilles installations et d'abaisser les coûts, plutôt que d'ajouter trop de nouvelles tonnes dans le marché. C'est dans ce cadre que s'inscrit la construction à Jonquière d'une usine-pilote utilisant la récente technologie AP-60.

L'expansion de l'usine d'Alma attendra. Mais Tom Albanse affirme qu'elle passera avant la construction d'une nouvelle usine au Paraguay, un autre projet d'Alcan.

Course au cuivre

Globalement, Tom Albanese s'attend à ce que la demande pour les principaux métaux de base double au cours des 20 prochaines années. Cela inclut le cuivre. Rio Tinto anticipe une offre déficitaire de 400 000 à 500 000 tonnes dès cette année. Et les mines les plus importantes ont atteint leur pleine maturité. «Tout le monde court après le cuivre», souligne M. Albanese.

Rio Tinto est engagé avec la canadienne Ivanhoe Mines sur la propriété Oyu Tolgoi, en Mongolie, qui contient 81 milliards de livres de cuivre. M. Albanese n'a pas voulu indiquer si Rio Tinto jetait un oeil à d'autres actifs dans le secteur cuprifère, ni si elle s'intéressait à Equinox Minerals, actuellement visée par une offre hostile du groupe chinois Minmetals.

------------------

RIO TINTO AU CANADA

Environ le tiers des actifs de Rio Tinto

- Chiffre d'affaires de 8,4 milliards US en 2010

Rio Tinto Alcan

- Une dizaine d'usines

- Sept centrales hydroélectriques

- Siège social de la division à Montréal

- 9000 employés

IOC (58,7%)

- Production de 18 millions de tonnes de fer par année, plan d'expansion pour passer à 26 millions de tonnes

- Mine et usine de bouletage à Labrador City

- Chemin de fer Quebec North Shore and Labrador

- Installations portuaires à Sept-Îles

- 2000 employés

QIT - Fer et titane

- Mine du lac Tio

- Installations portuaires à Havre-Saint-Pierre

- Complexe métallurgique à Sorel-Tracy

- 2000 employés

Diavik (60%)

- Mine de diamants dans les Territoires-du-Nord-Ouest

- 1100 employés