Conclusion étonnante d'un sondage commandé par l'Institut économique de Montréal: 71% des Québécois seraient favorables à l'exploitation des sables bitumineux pourvu que l'Alberta fasse des efforts environnementaux.

> Suivez Vincent Brousseau-Pouliot sur Twitter

«C'est un appui plus fort que ce que nous avions anticipé, dit Michel Kelly-Gagnon, PDG de l'Institut économique de Montréal. En même temps, nous savons que les Québécois sont des gens avec une approche pragmatique. Ils comprennent qu'on va avoir besoin de pétrole pendant un bon bout de temps. Dans ce contexte, aussi bien exploiter nos ressources pétrolières tout en respectant l'environnement.»

Selon le sondage de Léger Marketing effectué pour l'Institut économique de Montréal, seulement 15% des Québécois veulent la fin pure et simple de l'exploitation des sables bitumineux; 7% d'entre eux veulent un développement maximal des sables bitumineux sans égard aux conséquences environnementales, et 7% des gens sont indécis.

Même si les deux provinces sont fort différentes, 61% des Québécois ont une image positive de l'Alberta, 27% d'entre eux ont une image négative et il y a 12% d'indécis. Soixante-huit pour cent des Québécois veulent intensifier leurs politiques économiques et politiques avec la province la plus riche du pays. «Beaucoup d'Albertains pensent que 90% des Québécois les détestent. On voit bien que ce n'est pas vrai», dit Michel Kelly-Gagnon, dont l'organisme veut intensifier ses échanges avec l'Alberta. L'Institut économique de Montréal publiera notamment d'ici un an une étude sur l'impact environnemental des sables bitumineux en Alberta.

L'Alberta (10%) se classe, selon ce sondage, comme le troisième meilleur allié du Québec pour défendre les compétences provinciales, derrière l'Ontario (27%) et le Nouveau-Brunswick (13%). «L'Alberta et le Québec recherchent, pour des raisons différentes, davantage d'autonomie provinciale, dit Michel Kelly-Gagnon. Ce sont de drôles d'alliés, mais ce sont des alliés quand même. Sur le plan énergétique, ce sont deux puissances dans leur champ respectif: le Canada a la deuxième plus grande réserve de pétrole au monde grâce à l'Alberta et le Québec est le quatrième plus grand producteur d'hydroélectricité au monde. Ces deux puissances font face à des enjeux communs.»

La moitié des Québécois (49%) estiment toutefois que la prospérité albertaine ne leur profite pas. Seulement 34% des Québécois croient bénéficier des pétrodollars albertains, et 17% des gens sont indécis. Soixante-deux pour cent des Québécois veulent toutefois profiter de l'expertise albertaine pour développer leurs propres ressources naturelles pétrolifères et gazières.

Les Québécois prédisent d'autres décennies de richesse à l'Alberta: 56% d'entre eux estiment que le Québec demeurera dépendant du pétrole dans 20 ans. Cette proportion passe à 71% chez les Québécois de 18 à 24 ans.

Le sondage a été réalisé par Léger Marketing pour le compte de l'Institut économique de Montréal, un organisme de recherche indépendant prônant traditionnellement des positions économiques de droite. Il a été réalisé auprès de 1000 répondants du 21 février au 6 mars dernier. Sa marge d'erreur est de 3,1points de pourcentage, 19 fois sur 20.

------------------

Les luthériens norvégiens contre les sables bitumineux

L'Église luthérienne de Norvège en a contre les sables bitumineux. L'Église demande à l'entreprise norvégienne Statoil, propriété de l'État à 67%, de mettre fin à ses projets de sables bitumineux en Alberta. Statoil a acheté l'entreprise albertaine North American Oil Sands pour 2,2 milliards de dollars en 2007. «En tant qu'État riche, il est indéfendable d'un point de vue éthique d'augmenter notre bien-être quand on sait que des personnes vulnérables pâtissent des conséquences (de l'exploitation des sables bitumineux)», dit Berit Hagen Agoey, secrétaire général de l'Église. En Norvège, les luthériens forment la religion officielle du pays. Environ 80% des Norvégiens y sont affiliés de naissance. - Avec La Presse Canadienne