Si la crise nucléaire japonaise est contenue sans trop de dégâts, cela pourrait renforcer le dossier de l'énergie atomique, estime le promoteur du projet d'exploration d'uranium le plus avancé du Québec.

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Dans une entrevue accordée à La Presse Affaires, le président et chef de la direction de Ressources Strateco, Guy Hébert, indique d'emblée qu'on ne connaîtra les conséquences de la crise que lorsqu'elle se terminera. Mais tout n'est pas perdu pour le nucléaire, selon lui.

Les problèmes à la centrale de Fukushima sont le résultat de «deux actes de Dieu» (tremblement de terre et tsunami), rappelle M. Hébert. «Attendons de voir dans deux semaines, mais si ça résiste malgré tout ça, si les Japonais règlent les problèmes et que les gens peuvent réintégrer leurs maisons, je pense que ça peut être positif. On verra que ç'a résisté aux pires catastrophes.» Selon lui, l'industrie nucléaire va s'en sortir plus forte, avec des règles encore plus sévères.

De toute façon, soutient M. Hébert, d'autres types d'énergies sont encore plus meurtriers - des milliers de personnes meurent chaque année dans les mines de charbon. «Et les pays émergents ne pourront pas se passer du nucléaire, ajoute-t-il. Le solaire et l'éolien ne peuvent pas fournir suffisamment d'énergie aux pays industrialisés. Il n'y a pas de continuité dans ces énergies.»

Le marché semble aussi retrouver une certaine confiance dans le nucléaire. Les titres du secteur uranifère se sont encore améliorés hier. Cameco ([[|ticker sym='T.CCO'|]] a pris 7,4%, à 31,09$. Strateco [[|ticker sym='T.RSC'|]] a connu sa troisième journée consécutive de hausse, clôturant à 69 cents, en gain de 9,5%.

L'indice de l'Association nucléaire mondiale, qui rassemble 66 sociétés cotées en Bourse dans le secteur de l'énergie nucléaire, continue de remonter tranquillement la pente depuis le 15 mars. Après être passé de 3100 à 2700 points en deux séances, il a atteint hier les 2855 points, en hausse de 2,6%.

«S'il n'y a pas de conséquences majeures au Japon d'ici deux semaines, je pense que les marchés vont se replacer», avance Guy Hébert. À court terme, Strateco ne souffre pas de la chute de son titre, qui a reculé de 45% après le tsunami, de 91 cents à 50 cents. La société avait pu conclure un financement de 15 millions de dollars en décembre.

Strateco dans l'attente

Strateco a d'autres préoccupations. La société attend toujours de savoir si elle obtiendra le droit de construire une rampe d'exploration souterraine pour poursuivre la mise en valeur de son projet Matoush, dans les monts Otish.

En novembre dernier, des comités d'examen provincial et fédéral avaient tenu des audiences publiques sur le sujet. Or, la nation crie de Mistissini, sur le territoire de laquelle se trouve Matoush, avait indiqué son opposition au projet. On connaîtra bientôt les recommandations des deux comités.

Entre-temps, les Cris de Mistissini tentent d'en savoir plus. Dans la première semaine d'avril, au moins une dizaine d'entre eux rencontreront des communautés autochtones du nord de la Saskatchewan, qui vivent depuis des décennies à proximité de mines d'uranium. Des visites d'une mine active et d'une mine désaffectée sont au programme.

Le Conseil cri sur l'exploration minérale est aussi actif afin de répondre aux demandes d'information de la communauté de Mistissini concernant l'exploration d'uranium, a confirmé son président, Jack Blacksmith.

Le chef du conseil de bande de Mistissini, Richard Shecapio, n'était pas disponible pour une entrevue hier. Dans un article de la publication autochtone Nation, en février, il a réaffirmé son opposition au projet. «L'acceptabilité sociale n'est tout simplement pas là actuellement», a-t-il affirmé.