Pour la toute première fois de leur vie, les Québécois auront droit à une baisse de leur facture d'électricité le 1er avril prochain. La baisse des tarifs de 0,4% imposée par la Régie de l'énergie ne laissera que quelques dollars de plus par année dans leurs poches, mais elle est quand même très bien accueillie.

«C'est un baume symbolique pour nos portefeuilles», a souri hier le porte-parole d'Union des consommateurs, Charles Tanguay.

C'est aussi une preuve, selon lui, qu'Hydro-Québec peut réduire ses coûts et être plus efficace. «Les hausses de tarifs ne sont pas une fatalité», ajoute-t-il. Après avoir obtenu une hausse de 0,4% l'an dernier, Hydro-Québec avait proposé à la Régie de l'énergie de maintenir ses tarifs au niveau actuel en 2011-2012. La société d'État ne pouvait pas justifier une hausse de tarifs, en raison surtout de ses importants surplus d'électricité et de la baisse de la consommation industrielle.

Hydro ne voulait surtout pas réduire ses tarifs, ce qui aurait nui selon elle à ses efforts d'efficacité énergétique. Quand le prix baisse, les consommateurs sont moins enclins à économiser. Elle proposait donc de devancer certaines dépenses d'un an, pour éviter de devoir abaisser ses tarifs.

La Régie de l'énergie a rejeté cet argument. «Il serait injuste pour la présente génération d'abonnés de soutenir un revenu requis plus élevé que nécessaire aux fins de prévenir une hausse potentielle au cours des prochaines années», ont statué les régisseurs.

La baisse de tarif de 0,4% qui s'appliquera à partir du 1er avril signifie une économie de 7,50$ sur la facture annuelle d'un client résidentiel typique, et d'environ 5$ pour l'ensemble de la clientèle d'Hydro-Québec.

Même modeste, cette réduction fait plaisir aux consommateurs industriels d'électricité. «Dans le contexte où on fait face à une reprise économique difficile, c'est très bienvenu», a commenté Luc Boulanger, porte-parole des fonderies, alumineries et autres grandes entreprises qui consomment 40% de toute l'électricité du Québec.

Selon lui, la Régie de l'énergie ne pouvait faire autrement que d'ordonner une baisse des tarifs, puisque les coûts d'Hydro-Québec sont en baisse.

À cause de ses surplus, Hydro n'a plus besoin d'acheter de l'électricité sur les marchés à prix élevé, sauf pendant l'hiver. Les taux d'intérêt ont baissé depuis l'an dernier et les coûts d'exploitation ont baissé.

Même si Hydro affirme avoir fait tout ce qu'il fallait pour réduire ses coûts d'exploitation, la Régie estime que ce n'est pas suffisant. Elle lui demande de faire encore plus d'efforts et d'obtenir des économies additionnelles de 20,9 millions en 2011.

Hydro devra aussi réduire davantage ses frais «corporatifs», c'est-à-dire les dépenses qui ne sont pas directement liées à la distribution d'électricité. Des économies supplémentaires de 3 millions sont possibles, selon la Régie.

Même si la facture totale baissera pour tous les consommateurs d'électricité, la Régie veut s'assurer que cette baisse n'encouragera pas la surconsommation d'électricité. La baisse s'appliquera donc seulement à la première tranche de consommation, qui répond aux besoins de base.

Enfin, la Régie suggère fortement à Hydro d'encourager davantage la géothermie, qui pourrait soulager le réseau électrique l'hiver.

Dans le même but, la Régie demande à Hydro de mettre à l'essai des pompes à chaleur pour climat froid. Un projet-pilote devrait être lancé à cette fin.