La Chine ne sauvera peut-être pas l'industrie canadienne du bois d'oeuvre du naufrage, mais son appétit pour nos «2 par 4» marque le début d'un temps nouveau dans ce secteur.

«L'industrie du bois d'oeuvre est en train de devenir très globale», assure Rick Doman, président et chef de la direction d'Eacom Timber Corporation.

Eacom a racheté pour un coût modeste les opérations forestières de Domtar l'an dernier, en faisant le pari qu'il y a une vie pour l'industrie en dehors du marché américain.

Ce qui se passe actuellement est en train de lui donner raison. La Chine a augmenté considérablement ses achats de bois canadien, ce qui stimule ce marché profondément déprimé depuis l'effondrement du marché immobilier aux États-Unis en 2008.

Si le marché américain demeure le principal débouché pour le bois canadien, son importance relative est en train de fondre.

En 2005, la Colombie-Britannique n'exportait presque pas de bois d'oeuvre en Chine. En 2009, plus de 13% de sa production totale était exportée vers le marché chinois, selon les chiffres les plus récents d'Industrie Canada.

En 2010, cette proportion était de 15% et elle sera de 25% cette année, selon Rick Doman.

Pour le moment, ce nouveau débouché pour le bois d'oeuvre profite surtout à la Colombie-Britannique, même si le prix du bois d'oeuvre sur le marché augmente un peu et que tous les acteurs de l'industrie en profitent. Mais ce n'est qu'une question de mois avant que le nouvel ordre des choses bénéficie également aux usines de l'est du pays, croit le président d'Eacom.

«À cause de l'infestation de ses forêts par les insectes (dendroctone du pin), la Colombie-Britannique va produire moins de bois, explique-t-il. Les scieries de l'Ontario et du Québec, qui n'ont pas été touchées par les insectes, vont en bénéficier.»

Les exportations vers la Chine remplacent une partie de la demande disparue aux États-Unis, mais pas toute. Même si l'économie américaine se remet en marche, les ventes en Chine vont continuer. «Ça ne coûte pas plus cher d'expédier du bois en Chine et il n'y a ni quotas à respecter, ni taxes à payer», précise Rick Doman.

En même temps, l'industrie du bois d'oeuvre dans l'est du Canada commence à percer de nouveaux marchés en Inde, au Royaume-Uni et en Europe.

Avec un certain succès, ce qui fait que les scieries encore fermées dans l'est du pays pourraient reprendre graduellement leurs activités. Une pénurie de bois d'oeuvre pourrait même apparaître sur le marché nord-américain, croit Rick Doman, ce qui serait tout un revirement.

L'embellie actuelle sur le marché du bois d'oeuvre s'explique par les besoins croissants des Chinois, qui ne peuvent plus acheter autant de bois qu'avant à leur fournisseur habituel, la Russie. Les Russes ont en effet limité les quantités de bois qui peuvent être exportées, ce qui force les Chinois à s'approvisionner ailleurs.

Le marché se redresse aussi parce qu'il y a moins de bois disponible, en raison des nombreuses fermetures de scieries qui ont suivi l'effondrement du marché immobilier aux États-Unis.

Actuellement, le marché est davantage soutenu par la baisse de l'offre que par l'augmentation de la demande, reconnaît le président d'Eacom.

N'empêche que la demande chinoise a permis aux scieries canadiennes de réduire leurs pertes et de recommencer à penser à l'avenir et à des projets d'investissements.

Les Chinois ont acheté au Canada l'équivalent du bois nécessaire pour construire 200 000 maisons. Cette année, leurs besoins devraient doubler, selon les analystes.

Ventes à la Chine / Ventes aux États-unis

2005: 1,85% / 76,55%

2007: 3,70% / 70,64%

2009: 13,19% / 56,01%

Source : Stratégis, exportations de la Colombie-Britannique