Après avoir réveillé le secteur minier canadien, la Chine sauvera-t-elle l'industrie du bois d'oeuvre du naufrage? C'est bien possible, croient les dirigeants de Tembec (T.TBC), qui profitent de la hausse récente des prix due à l'appétit des Chinois pour le bois canadien.

Le marché immobilier américain est toujours aussi déprimé, mais le prix du bois d'oeuvre est en hausse de 50$ par mille pieds-mesure-de-planche. C'est l'effet de la demande croissante des Chinois pour le bois canadien, selon James Lopez, président et chef de la direction de Tembec.

«L'an dernier, ils en ont acheté 2,5 milliards de pieds-mesure-de-planche, un record. C'est l'équivalent de 200 000 mises en chantier aux États-Unis», a-t-il expliqué hier avant l'assemblée annuelle de l'entreprise.

C'est énorme, étant donné que le nombre de mises en chantier au sud de la frontière stagne toujours entre 400 000 et 500 000 par année.

Toute l'industrie du bois d'oeuvre profite de la situation, même les entreprises de l'est du pays qui n'exportent pas en Chine, parce que la demande chinoise fait augmenter le prix du marché, qui est le même pour tous.

Débouché prometteur

Ce nouveau débouché pour le bois d'oeuvre canadien est prometteur, puisque les importations chinoises devraient passer de 2,5 à 4 milliards de pieds-mesure-de-planche et qu'il n'y a aucune barrière à l'exportation du genre de celles imposées par les États-Unis.

Tembec, qui exporte moins de 2% de sa production de bois d'oeuvre en Chine, a bénéficié comme les autres du raffermissement des prix du marché, a fait savoir M.Lopez. L'entreprise peut se remettre à investir dans l'amélioration de ses usines. «Si ce n'était de l'impact de la Chine, nous n'aurions pas la capacité financière de le faire.»

Le bois d'oeuvre est la deuxième activité en importance de Tembec, après la production de pâte et devant le papier journal.

Malgré le coup de pouce de la Chine, Tembec ne prévoit pas d'amélioration sensible du marché du bois d'oeuvre en 2011. Le secteur de la pâte, par contre, devrait obtenir de bons résultats. Tembec profite notamment de la forte hausse du prix de la pâte qui sert à faire de la rayonne. En raison de l'augmentation des prix du coton, les manufacturiers de vêtements utilisent de plus en plus la rayonne dans la confection, ce qui se traduit par une demande de ce type de pâte supérieure à l'offre.

Trimestre décevant

Après des années de misère, Tembec a renoué avec les profits l'an dernier. Le bénéfice annuel de 52 millions, aussi modeste soit-il, est tout un revirement par rapport à la perte de 214 millions encaissée à l'exercice précédent.

Le premier trimestre de l'exercice en cours s'est soldé par une perte sèche de 12 millions (12 cents par action), soit 3 millions de plus que la perte du trimestre correspondant l'an dernier (9 cents par action).

C'est plus que ce qu'avaient prévu les analystes, qui s'attendaient à des revenus plus élevés et à une perte de 11 cents par action.

La perte est aussi plus lourde que ce que prévoyait la direction de Tembec, en raison de la vigueur du dollar canadien, a expliqué le vice-président à la direction de l'entreprise, Michel Dumas.

Tembec tablait sur un dollar canadien à 97 cents US pour le trimestre, alors que sa valeur moyenne a plutôt été de 99 cents US.

Selon M. Dumas, Tembec peut vivre avec un dollar à parité avec la devise américaine, même si sa rentabilité en souffre.

Les profits seront au rendez-vous en 2011, a assuré de son côté James Lopez, qui est optimiste également pour les prochaines années.

Le titre de Tembec a perdu 66 cents, ou 14% de sa valeur hier, pour finir la journée à 4,06$. Depuis un an, l'action a varié entre 1,05$ et 5,03$.

Un premier trimestre décevant

2010/2009/Variation

Revenus: 422 millions/412 millions/"2,4%

Bénéfice d'exploitation: 11 millions/4 millions/"175%

Perte nette: 12 millions/9 millions/"33%

Perte par action: 12 cents/9 cents