La reprise de la société Alcan EP, spécialisée dans les produits usinés en aluminium, par le fonds Apollo avec l'aide du Fonds stratégique d'investissement, ouvre une nouvelle ère pour l'entreprise autrefois une entité d'Alcan avant le rachat de cette dernière par Rio Tinto (RIO).

L'opération a été officiellement bouclée mardi: comme convenu en août, Apollo est devenu l'actionnaire majoritaire, avec 51% du capital, tandis que le FSI, bras armé de l'Etat français, en a acquis 10%. Le solde du capital reste pour l'instant détenu par le groupe minier anglo-australien Rio Tinto.

Alcan EP, spécialiste de la fabrication de produits en aluminium pour l'aéronautique, le bâtiment ou l'automobile, compte 10 000 salariés dont la moitié en France. En 2009, ses ventes étaient de 3,8 milliards de dollars.

Bertrand Finet, membre du comité exécutif du FSI, se dit «très confiant» et juge que les perspectives de développement d'Alcan EP sont «importantes».

«Nous constatons d'ores et déjà que les résultats sont en train de s'améliorer, portés par un retournement progressif de l'industrie», a déclaré M. Finet à l'AFP.

«C'est une très belle entreprise» qui entame «une nouvelle histoire et un nouvel enjeu», avec «clairement une stratégie de développement», a jugé pour sa part Jean-Luc Allavena, associé du fonds Apollo.

Une partie des activités de produits usinés d'aluminium sont issues de l'ex-Pechiney, acquis en 2003 par le canadien Alcan, lui-même racheté en 2007 par Rio Tinto.

Le poids de l'implantation française du groupe, avec notamment le centre de recherche et développement de Voreppe (Isère) et les usines de Neuf-Brisach (Haut-Rhin) et d'Issoire (Puy-de-Dôme), a pesé dans la décision du FSI d'entrer au capital d'Alcan EP.

«L'ancrage français est un élément essentiel dans la raison qui nous a poussé à investir dans cette entreprise», reconnaît M. Finet.

«Les racines françaises et européennes vont rester très prégnantes», confirme Nicolas Brun, directeur de la communication d'Alcan EP.

L'entreprise compte trois autres sites industriels majeurs à Singen (Allemagne), Sierre (Suisse) et Ravenswood (Etats-Unis).

Pour le FSI, Alcan EP devient une entreprise centrée sur un métier de base, la transformation de produits d'aluminium, alors qu'elle n'était auparavant que «la sous-filiale d'un grand groupe minier».

Symbole de cette nouvelle identité, Alcan EP est à la recherche d'un nouveau nom, qui marquera la rupture avec le passé et ne sera pas un retour à Péchiney.

La réflexion est «très avancée», selon le directeur du FSI. Le résultat en est attendu dans les prochains mois.

Alcan EP va «créer une nouvelle marque et une nouvelle identité» pour marquer «la nouvelle ambition de l'entreprise», explique M. Brun. Mais pour l'heure, il n'y aura «pas de changement dans le business au quotidien et dans le management», ajoute-t-il.

La directrice générale, Christel Bories, reste à la tête de l'entreprise et siègera au conseil d'administration, aux côtés de 5 administrateurs pour Apollo, 1 pour le FSI et 2 pour Rio Tinto.

Alcan EP, qui compte déjà une joint venture dans l'automobile en Chine, devrait se tourner davantage vers les pays émergents où elle est encore peu présente. C'est «l'un des axes de développement», dit Nicolas Brun.

Le développement géographique revient à l'ordre du jour, après la crise, de même que d'éventuelles acquisitions.

Quant à une éventuelle entrée en Bourse, «c'est une possibilité» à moyen terme, selon le FSI.

Du côté syndical, l'annonce de la fin du processus de vente a suscité une vive réaction: la CGT a estimé que «la France finit de brader Pechiney» tandis que la CFDT a pointé «les risques» liés «aux sorties prévisibles du capital de Rio Tinto pour les 39% restants et d'Apollo, en moyenne au bout de 7 ans».