La décision du gouvernement conservateur de bloquer la prise de contrôle de PotashCorp (T.POT) ne nuira pas à l'image du Canada sur les marchés internationaux, a estimé jeudi le grand patron de la Caisse de dépôt et placement du Québec, Michael Sabia.

«Le Canada est un marché très ouvert et je pense que d'autres marchés le sont moins. Par conséquent, il serait difficile pour moi de croire que (le blocage d'Ottawa) aurait des implications négatives pour les investisseurs canadiens dans d'autres marchés», a déclaré M. Sabia après avoir prononcé un discours à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Le dirigeant a toutefois soutenu qu'en matière de prises de contrôle étrangères, il était impossible de généraliser.

«Il faut analyser ces situations au cas par cas et cette analyse doit être basée sur des critères d'affaires, a-t-il estimé. C'est donc très difficile de prendre une décision (en fonction d'un) principe (général).»

M. Sabia n'a pas voulu en dire plus sur la question, rappelant que la Caisse était un important actionnaire de Potash et du géant australien BHP Billiton, qui veut acquérir l'entreprise de la Saskatchewan. Il a refusé de préciser si la Caisse appuyait la transaction proposée ou si elle s'y opposait.

Cirque du Soleil

Dans son allocution, le président et chef de la direction de la Caisse a par ailleurs révélé que l'institution avait investi 25 millions de dollars dans deux productions du Cirque du Soleil actuellement en développement.

Il s'agit d'«Iris», qui sera présenté au théâtre Kodak de Los Angeles, et d'un spectacle mis en scène par le cinéaste François Girard qui s'installera au Radio City Music Hall de New York. Les deux doivent prendre l'affiche en juillet.

Pour le Cirque, c'est une nouvelle façon de faire: la plupart du temps, ses spectacles sont financés par des promoteurs locaux qui font des pieds et des mains pour s'associer à la multinationale québécoise du divertissement.

Il faut dire que le premier spectacle du genre que le Cirque a mis sur pied, «Banana Shpeel», n'a tenu l'affiche que six semaines à New York.

Aucun porte-parole du Cirque n'a pu répondre à des questions précises à ce sujet, jeudi.

Quand on lui a demandé pourquoi le Cirque avait soudainement besoin du soutien de la Caisse, Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse, s'est limité à dire que l'institution jouait un «rôle complémentaire» à celui du secteur privé et qu'elle souhaitait «accélérer la croissance» d'entreprises québécoises de toute taille.

M. Chagnon a assuré que l'investissement serait «très rentable» pour la Caisse, mais n'a pu indiquer s'il était question d'un prêt ou d'une participation sous forme de capital-actions.

Dans la même veine, Michael Sabia a réitéré l'ambition de la Caisse de devenir un «pont vers l'international» pour les entreprises québécoises en mettant à contribution ses contacts à l'étranger.

Il a déploré la trop faible présence des PME québécoises sur les marchés internationaux.

«Depuis 20 ans, la part du Québec dans le total des exportations canadiennes a diminué, a-t-il fait remarquer. Le ratio exportations/PIB du Québec est plus bas que la moyenne canadienne. (...) Pour s'enrichir, pour bâtir des entreprises de taille, le Québec devra exporter plus.»

La Caisse compte étendre ses réseaux de contacts à travers le monde, plus particulièrement dans les pays émergents, en plus de développer des partenariats avec des fonds souverains ou des caisses de retraite d'envergure mondiale, a dit M. Sabia.

L'institution a annoncé jeudi la conclusion d'une entente de trois ans avec la Banque HSBC Canada, laquelle permettra aux PME d'obtenir du financement pour des projets d'expansion, d'acquisition ou d'investissements à l'étranger d'une valeur de 10 millions et plus.