Les entreprises canadiennes restent tièdes lorsqu'il s'agit de discuter de changements climatiques et de leur stratégie pour y faire face, constate encore cette année le Conference Board du Canada, dans son cinquième rapport réalisé pour le Carbon Disclosure Project.

Seulement 46% des 201 plus grandes entreprises canadiennes sondées par l'organisme international ont pris le temps de répondre au questionnaire qui leur a été envoyé, selon les informations obtenues par La Presse Affaires.

Ce taux de réponse de 46% est le plus bas depuis trois ans. Il était de 48% l'an dernier et de 55% en 2008.

Le vice-président du Conference Board, Gilles Rhéaume, explique ce désintérêt par la conjoncture économique difficile. «La récession a eu un impact sur la gouvernance des entreprises, avance-t-il. Les priorités changent.»

Le Carbon Disclosure Projet est un organisme à but non lucratif qui détient la plus grande banque de données au monde sur les changements climatiques. Son sondage annuel mesure l'intérêt des entreprises dans la gestion des enjeux liés aux changements climatiques, et ce, partout dans le monde.

Encore cette année, les entreprises canadiennes qui ont répondu au sondage se classent en queue de peloton sur le plan international. «On est très en arrière des Européens et un peu en arrière des Américains», constate le vice-président du Conference Board.

Selon lui, l'absence de politique claire du gouvernement fédéral en matière d'objectif de réduction des gaz à effets de serre explique le manque d'engagement des entreprises canadiennes.

Le rapport 2010, qui sera rendu public aujourd'hui, le souligne clairement. «Il est évident que les sociétés des pays qui obligent à prendre des mesures de lutte contre les changements climatiques sont beaucoup plus engagées dans ce domaine», peut-on y lire.

C'est ce qui explique l'avantage relatif des entreprises européennes dans le classement du Carbon Disclosure Project. Même les entreprises américaines s'intéressent davantage à la question des changements climatiques, en raison des intentions claires énoncées par l'administration Obama.

Dans une liste de 20 pays qui peuvent se comparer, les entreprises européennes arrivent en tête du classement, les entreprises américaines sont au 12e rang et les canadiennes au 17e rang.

Les meilleures

Parmi les entreprises canadiennes qui ont répondu au sondage, 15 se distinguent particulièrement, selon le Conference Board. Certaines de ces entreprises sont des habituées de ce classement, comme la Banque Royale qui y figure depuis sa première présentation, en 2006.

Deux de ces quinze entreprises qui font bonne figure sont québécoises. Il s'agit de la Banque Nationale et de SNC-Lavalin. L'an dernier, il y en avait quatre, soit le CN, Bombardier, Gaz Métro et Bell.

Les entreprises qui figurent en bonne place sont celles qui ont mis en place des mesures pour s'adapter aux changements climatiques, soit en se fixant des objectifs de réductions de leurs émissions, soit en prévoyant des mesures pour s'adapter aux changements climatiques anticipés.

Même si le classement des entreprises canadiennes ne s'est pas amélioré en 2010, il y a quand même des choses qui ont changé, pour le mieux, selon Gilles Rhéaume. «Par exemple, il y a plus d'entreprises qui ont des mesures de gouvernance liées aux changements climatiques», souligne-t-il.

Les entreprises canadiennes sont aussi plus nombreuses à croire que les changements climatiques n'auront pas seulement un impact négatif sur leur bilan.

«Les réponses des chefs de file de cette année témoignent, plus que jamais, de leur intérêt pour les occasions d'affaires offertes par les changements climatiques et de leur ferme intention de les exploiter», constate le rapport.

Année après année, les entreprises du secteur financier et celles du secteur de l'énergie sont les plus représentées dans le classement du Carbon Disclosure Project. Les entreprises du secteur énergétique qui s'intéressent aux changements climatiques y voient une façon d'améliorer leur position concurrentielle, selon Gilles Rhéaume, tandis que l'intérêt des financières est dans la gestion des risques liés à ces changements.