Utiliser le lave-vaisselle la nuit ou faire sécher son linge quand tout le monde est couché a un effet négligeable sur la consommation totale d'électricité, a constaté Hydro-Québec, qui ne voit aucun intérêt à faire varier ses tarifs selon les heures de la journée ou la période de l'année.

Au terme d'une étude qui a coûté 5 millions et qui a été réalisée pendant deux ans auprès de 2200 ménages québécois, Hydro conclut qu'il ne servirait à rien de changer les tarifs fixes actuels pour des tarifs variables.

La société d'État explique dans le bilan de son expérience déposé à la Régie de l'énergie que les tarifs variables ne permettent pas vraiment de réduire la pression sur son réseau pendant les périodes de pointe, l'hiver. La réduction de la consommation totale serait de 30 mégawatts, ce qui est très peu compte tenu que la demande hivernale dépasse les 35 000 mégawatts.

«C'est marginal», confirme le porte-parole d'Hydro-Québec, Guy Litalien. Selon lui, Hydro a déjà des programmes beaucoup plus efficaces pour soulager son réseau pendant les froids d'hiver. Par exemple, Hydro s'entend avec certaines entreprises pour qu'elles réduisent leur consommation en période critique, ce qui lui permet de récupérer 700 mégawatts.

Une des raisons qui expliquent le peu d'impact des tarifs variables sur la consommation totale des Québécois est que l'électricité sert surtout au chauffage. Quand il fait froid, il est difficile ou impossible de déplacer les besoins de chauffage à une autre période de la journée.

C'est à la demande du gouvernement et de la Régie de l'énergie qu'Hydro-Québec a étudié la possibilité d'implanter des tarifs plus élevés en période de grande consommation, soit entre 6 h et 22 h du lundi au vendredi et à certaines périodes critiques pendant l'hiver. L'objectif était de soulager le réseau d'Hydro-Québec, lequel est mis à rude épreuve pendant l'hiver, et de permettre aux clients de mieux limiter leur consommation.

Pendant les pointes d'hiver, Hydro doit souvent acheter de l'énergie sur les marchés voisins à un prix très élevé.

L'expérience a démontré qu'Hydro n'en retire pas d'avantage, parce que la réduction de la consommation est minime. Les consommateurs n'y gagnent pas non plus, même si l'économie réalisée par Hydro sur ses coûts d'achat d'électricité d'appoint leur est transférée. L'impact sur la facture annuelle est estimé à moins de 1%.

En réalité, l'introduction de tarifs variables aurait pour effet de faire augmenter la facture des Québécois, calcule Hydro, parce que les coûts de gestion de la nouvelle tarification ne seraient compensés par aucun bénéfice pour l'entreprise.

«Dans le contexte actuel, l'offre d'une tarification dynamique optionnelle pour les clients résidentiels aurait pour impact d'augmenter la facture globale de l'ensemble des consommateurs», affirme la société d'État dans son bilan.

Compteurs intelligents

Hydro n'a pas fait une croix définitive sur les tarifs variables. Une fois que les compteurs de ses 3,6 millions de clients auront été changés pour des compteurs intelligents, la société d'État y trouvera son compte et les proposera à sa clientèle.

Avec les nouveaux compteurs, les seuls coûts associés à cette nouvelle forme de tarification seraient ceux liés à la promotion et à l'information de la clientèle. En outre, Hydro aura besoin de ces tarifs variables pour ménager son réseau si la voiture électrique fait une percée au Québec. «Le Distributeur croit nécessaire l'offre d'une tarification dynamique dans le contexte d'une pénétration possible des véhicules électriques, afin de favoriser la recharge durant les périodes hors pointe», souligne la société d'État.

Ce n'est pas pour demain. Les études préliminaires sur le remplacement des compteurs ne font que commencer et le déploiement des nouveaux instruments de mesure ne se fera pas avant 2015, a fait savoir hier le porte-parole d'Hydro.