Après la récession économique mondiale, «une reprise à deux vitesses» pourrait bénéficier en priorité aux grands pays émergents, estiment la FAO et l'OCDE qui prévoient aussi une hausse des prix agricoles d'ici à 2019, dans un rapport publié mardi à Rome.

«On observe une reprise à deux vitesses, caractérisée par une croissance faible et hésitante et un fort taux de chômage dans de nombreux pays de l'OCDE et par une croissance plus soutenue et une reprise plus rapide dans les grands pays en développement», conclut le rapport des deux organisations sur les perspectives agricoles d'ici à 2019.

Selon Jacques Diouf, directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la Chine, le Brésil, l'Inde, la Russie, ainsi que l'Ukraine sont les pays «avec la production agricole la plus croissante».

La reprise «gagne lentement le reste des pays en développement et permet d'alimenter la croissance du revenu mondial», poursuit le rapport de l'Organisation de coopération et de développement économique et de la FAO.

Malgré le niveau record du prix du pétrole, la forte augmentation des produits de base, la peur pour la sécurité alimentaire, et la récession économique mondiale la plus grave depuis 1930, «l'agriculture a fait preuve d'une remarquable capacité de résistance», indiquent les auteurs du rapport.

«Dans l'ensemble, les perspectives publiées cette année sont plus positives qu'au cours des dernières années même si elles restent prudentes», a déclaré Angel Gurria, secrétaire général de l'OCDE.

Mais «ramené per capita, l'accroissement de la production agricole des pays les moins avancés suffit à peine à faire face à la croissance démographique rapide», relève le rapport.

Jacques Diouf a fait remarquer que seulement 2% de la population des pays développés produit la quantité de nourriture requise par leurs pays, alors que «dans les pays en développement, 60 à 80% de la population est nécessaire pour produire, et ça ne suffit même pas pour nourrir les gens». D'où l'importance de mesures politiques pour aider les fermiers à investir pour une meilleure productivité.

Par ailleurs, «gouvernements et décideurs continuent de se préoccuper des fluctuations futures de prix». Sans toutefois atteindre les pics de 2007-2008, les prix agricoles devraient en effet repartir à la hausse au cours des dix prochaines années.

Ainsi, «pour les produits végétaux, les hausses de prix, en termes réels, varient de 16% environ à plus de 40% au-dessus de la moyenne enregistrée au cours de la dernière décennie», annonce le rapport.