Après avoir jonglé avec plusieurs options, Boralex s'est enfin décidée à racheter les actions du Fonds de revenu Boralex Énergie qu'elle ne possède pas, pour une contrepartie équivalant à 227 millions de dollars.

Boralex offre aux porteurs de parts du Fonds de revenu une débenture de 5$ assortie d'un taux d'intérêt de 6,25% jusqu'en 2017. Ces débentures pourront être converties en actions de Boralex à 17$ l'action.

Le sujet a dominé hier ce qui a vraisemblablement été la dernière assemblée des porteurs de parts du Fonds de revenu Boralex. Le conseil des fiduciaires, qui est l'équivalent du conseil d'administration pour un fonds de revenu, a en effet donné son appui à l'offre de Boralex et convenu de ne pas solliciter d'offre concurrente.

«Nous estimons que l'offre est dans le meilleur intérêt des actionnaires», a expliqué le président du conseil des fiduciaires, Claude Boivin.

Boralex détient 23% des parts du Fonds de revenu Boralex Énergie et gère les activités de production d'énergie du Fonds en vertu d'un contrat de gestion qui lui a rapporté quelque 5 millions en 2009.

Son offre a été examinée par les membres indépendants du conseil des fiduciaires. Selon l'évaluation de BMO Marchés des capitaux, les parts du Fonds de revenu Boralex Énergie valent entre 4,50$ et 5,05$.

L'offre de Boralex est inférieure à 5,05$, mais elle est dans le haut de la fourchette estimée par BMO Marchés des capitaux, a plaidé Bernard Lemaire, président exécutif du conseil de Boralex.

Selon lui, les porteurs de parts ont tout avantage à accepter l'offre, compte tenu des incertitudes qui pèsent sur les activités du Fonds de revenu. Les centrales aux résidus de bois ont vu leurs profits baisser en raison de la pénurie de matière première due aux difficultés de l'industrie forestière. De plus, la centrale au gaz naturel de Kingsey Falls profite d'un contrat très payant avec Hydro-Québec qui prend fin en 2012. Tout indique qu'il ne pourra pas être renouvelé à la satisfaction des deux parties et que la centrale devra cesser ses activités, a indiqué Bernard Lemaire.

Avec les sept centrales hydroélectriques du Fonds, ses deux centrales aux résidus de bois et sa centrale au gaz de Kingsey Falls, Boralex héritera d'une capacité de production supplémentaire de 190 mégawatts, si la transaction se réalise.

L'entreprise a déjà une capacité de production de 417 mégawatts dans ses installations au Canada, aux États-Unis et en France et veut l'augmenter à 1000 mégawatts d'ici trois ans.

Selon l'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, l'offre de Boralex est une bonne chose pour les porteurs de parts du Fonds. «Le Fonds n'était pas un véhicule de croissance», explique-t-il.

Le prix offert lui apparaît correct. Le taux d'intérêt de la débenture, à 6,25%, est de prime abord inférieur aux distributions mensuelles versées aux porteurs de parts, mais la conversion de cette débenture offre la possibilité de profiter de la croissance de Boralex, explique l'analyste.

Selon Canaccord Adams, l'offre de Boralex est nettement insuffisante. «Nous croyons que 5$ comptant aurait été plus acceptable», a commenté l'analyste Bob Hastings.

Le titre de Boralex a fini la journée hier à 9,40$, en hausse de 4 cents. Les parts du Fonds de revenus ont varié entre 3,50$ et 4,88$ depuis un an. Hier, elles ont clôturé à 4,82$, en hausse de 21 cents.

En 2007, après l'annonce par le gouvernement fédéral de la fin des avantages fiscaux accordés aux fonds de revenus, la direction du Fonds de revenu Boralex Énergie avait cherché des acheteurs et en avait trouvé, mais la crise financière les a fait fuir avant qu'une transaction soit conclue.