Le 3 décembre 2009, en réaction à la présence non désirée de la société d'exploration Terra Ventures à quelques kilomètres de la ville, les médecins de Sept-Îles ont annoncé leur démission et demandé à nouveau un moratoire sur l'exploration de l'uranium au Québec. Comme aucun autre minéral, l'uranium divise et suscite la crainte.

«Un moratoire permettrait de caractériser l'ensemble des risques, impacts et incertitudes associés à l'uranium de la façon la plus transparente et démocratique possible», estime Ugo Lapointe, porte-parole de la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine et diplômé en génie géologique. Il est question ici de risques pour la santé, la faune et l'environnement, notamment en ce qui concerne la gestion des résidus miniers.

Mais l'industrie assure que les risques associés à l'activité minière uranifère sont contrôlés et limités au maximum, de l'exploration à la post-exploitation. «Au Canada, nous avons les mesures les plus strictes au monde, soutient Jean-Marc Lulin, d'Exploration Azimut. Ce qui est extrêmement dérangeant, c'est de laisser croire que c'est une industrie déréglementée, alors que c'est absolument le contraire. C'est devenu l'une des industries les plus sûres.»

La bataille entre les représentants de l'industrie et les opposants est acerbe. Les premiers accusent les seconds de manipuler l'opinion publique, tandis que les seconds accusent les premiers de manquer de transparence et d'enfreindre le code de déontologie de l'Ordre des géologues en se prononçant sur des questions de santé publique.

La Commission canadienne de sûreté nucléaire, chien de garde de la filière nucléaire canadienne, se fait rassurante. En entrevue avec La Presse Affaires, la directrice de l'évaluation et de la protection environnementale et radiologique, Patsy Thompson, indique que de la façon dont l'industrie minière uranifère est réglementée, elle ne présente pas plus de risques qu'une autre activité minière. Quant aux résidus miniers, de nouvelles techniques permettent d'éliminer ainsi les risques d'acidification de l'eau qu'on voyait auparavant, soutient la docteure en toxicologie environnementale.

La Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse ont déjà un moratoire sur l'uranium. Le ministre délégué des Ressources naturelles et de la Faune, Serge Simard, refuse toutefois d'aller de l'avant, jugeant que ce serait prématuré et que cela créerait énormément d'incertitude dans toute l'industrie minière.

L'industrie reconnaît néanmoins que, dans le dossier de Sept-Îles, le comportement presque clandestin de Terra Ventures n'a pas aidé la cause de l'uranium. «Quand tu fais de l'exploration près des milieux habités, on recommande de faire ça ouvertement», dit le directeur général de l'Association de l'exploration minière du Québec, Jean-Pierre Thomassin.

CLAVARDAGE

Le Québec, l'uranium et le nucléaire: clavardez avec notre journaliste lundi à midi.