L'avenir de l'industrie des pâtes et papiers n'est peut-être plus dans la pâte, ni dans le papier. C'est ce que croit l'usine de Papiers Fraser à Thurso, dans l'Outaouais, qui a l'intention d'abandonner graduellement la fabrication de pâte pour devenir un producteur d'énergie.

Hydro-Québec vient de choisir le projet soumis par l'usine dans le cadre de son appel d'offres pour l'achat d'énergie par cogénération à la biomasse. Avec un contrat de vente d'électricité à long terme avec Hydro, l'usine peut amorcer sa transformation vers la production d'énergie, estime le directeur de l'usine, Marco Veilleux.

L'usine est fermée depuis le mois de juin dernier. Son propriétaire, Papiers Fraser, est en pleine restructuration pour éviter la faillite. Le plan de match de Marco Veilleux est le suivant: reprendre la production de pâte pendant deux ans, jusqu'au début des livraisons d'électricité à Hydro-Québec et, avec les revenus provenant de la vente d'énergie à Hydro, investir dans le raffinage des résidus forestiers pour en extraire les polymères naturels qui peuvent remplacer des produits issus du pétrole.

Selon Marco Veilleux, c'est l'avenir de l'industrie des pâtes et papiers. «J'en suis convaincu», assure-t-il.

Son usine peut produire 250 000 tonnes de pâte à base de feuillus. À cause de la petite taille de l'usine et de la concurrence croissante des pays où le climat permet aux arbres de pousser beaucoup plus vite, la survie de l'usine est loin d'être assurée. «Ce n'est pas une situation confortable à long terme», résume Marco Veilleux.

À court terme, le directeur de l'usine doit toutefois convaincre des partenaires de reprendre la production de pâte. «Le marché actuel de la pâte nous permet de financer les investissements nécessaires à la production d'électricité», estime-t-il.

Marco Veilleux n'a pas voulu préciser à combien s'élèveront ces investissements. Le projet de Papiers Fraser dans la ville natale de Guy Lafleur prévoit la production de 18,8 mégawatts d'électricité à partir de biomasse forestière. C'est le plus gros des huit projets retenus par Hydro-Québec.

Huit projets

Selon Hydro, la réalisation des huit projets nécessitera de la part des promoteurs des investissements de 180 millions de dollars dans les équipements et de 39 millions dans l'infrastructure pour transporter l'électricité, pour un total de 219 millions. C'est en moyenne 27 millions par projet.

Deux des trois projets soumis par RCI ont aussi été retenus par Hydro. L'entreprise de la famille Rémillard veut transformer ses déchets à Anjou et à Longueuil pour en tirer 8 mégawatts d'électricité. RCI estime à 60 millions l'investissement requis pour la réalisation de ses deux projets.

Un autre projet de transformation de déchets, celui de Waste Management à Saint-Nicéphore, a aussi été retenu par Hydro. Il nécessitera un investissement de 13 millions, a indiqué l'entreprise.

Hydro aurait voulu acheter 125 mégawatts d'électricité générée par la biomasse. Dix projets totalisant seulement 65,6 mégawatts lui ont été proposés. La société d'État en a choisi huit, pour un total de 60,7 mégawatts.

Cette électricité coûtera 11,2 cents le kilowattheure à Hydro.