La meilleure année pour l'or en trois décennies n'a pas encore fait en sorte d'égaler le rendement d'un compte chèques porteur d'intérêts pour quiconque a acheté le métal depuis le dernier sommet du prix survenu en janvier 1980.

Ainsi, les investisseurs qui ont payé 850$ US l'once d'or en 1980 ont obtenu depuis ce temps un rendement de 44% en vertu du prix record de 1226,56$ US l'once atteint le 3 décembre dernier à Londres.

Pendant la même période, l'indice boursier Standard&Poor's 500 a produit un rendement multiplié par 22 grâce aux dividendes réinvestis, tandis que les bons du Trésor ont affiché un rendement multiplié par 11 et qu'un compte chèques moyen aux États-Unis a présenté un rendement d'au moins 92%.

Sur une base ajustée pour tenir compte de l'inflation, il manque encore 79% aux personnes qui ont investi dans l'or pour retrouver leur argent.

«Il faut renoncer à beaucoup de rendement pour avoir le privilège de dormir sur ses deux oreilles», soutient James Paulsen, qui participe à la gestion d'actifs d'environ 375 milliardsUS à titre de stratège en chef des placements chez Wells Capital Management, à Minneapolis. «Si le monde est précipité dans un abysse, ajoute-t-il, l'or peut se révéler un bon gardien de valeur. La chose n'est pas sans mérite, mais on peut détenir trop d'or en attendant la fin du monde. Et d'après mon expérience, la fin du monde n'est pas encore arrivée.»

Hier, l'or a perdu 5,40$US pour s'établir à 1163,40$US l'once, poursuivant sa chute amorcée vendredi dernier.

Si le marché haussier portant sur l'or attire des gestionnaires de fonds spéculatifs comme John Paulson, Paul Tudor Jones et David Einhorn, des stratèges et des gestionnaires de Barclays plc, HSBC Holdings, SCM Advisors et Brinker Capital soutiennent pour leur part que les investisseurs qui privilégient une stratégie d'achat à long terme ne devraient pas toujours posséder des lingots. L'accumulation d'or fait partie du montant record de 60 milliards US qui, selon Barclays, aura été consacré aux produits de base cette année.

SPDR Gold Trust, plus gros fonds échangé en Bourse adossé à l'or, a amassé plus de métal jaune que la banque centrale suisse, les achats ayant été stimulés par la baisse du dollar américain et par la crainte que les quelque 12 000 milliards US en dépenses gouvernementales pour extirper les économies de la pire récession mondiale depuis la Deuxième Guerre mondiale ne donnent lieu à une poussée inflationniste.

La Monnaie américaine a suspendu la production de certaines pièces American Eagle le mois dernier, pièces faites d'or, en raison de stocks insuffisants. De son côté, la Monnaie royale britannique a plus que quadruplé sa production de pièces d'or au cours du troisième trimestre.

Harrods, grand magasin londonien, a commencé à vendre des pièces et lingots d'or pour la première fois en octobre dernier.