Après une augmentation en 2009, la production d'or dans le monde va chuter à nouveau dans les prochaines années, renouant avec une tendance lourde observée depuis le début de la décennie, prédisent les géants miniers du secteur consultés par l'AFP.

En termes de production minière, «l'année 2009 est l'exception qui confirme la règle», note Omar Jabara, porte-parole du groupe américain Newmont Mining, le numéro deux mondial.

Pour le reste, «la production minière d'or est en déclin depuis 2001, observe Vincent Borg, porte-parole du canadien Barrick Gold, premier producteur de la planète. Elle diminue d'environ 1 million d'onces par année et nous prévoyons qu'elle continuera de chuter malgré la hausse des prix», ajoute-t-il.

Partout ou presque à la surface de la planète, les gisements s'épuisent, sans que les filons prometteurs ne puissent les remplacer à temps, soulignent ces experts.

C'est le cas notamment en Afrique du Sud, pays longtemps à l'avant-garde de la production mondiale, où l'extraction était en baisse de 9,3% sur un an au deuxième trimestre, selon la Chambre d'industrie minière du pays.

De façon globale, «les réserves ne sont tout simplement plus là», confirme Tonya Todd, porte-parole de Goldcorp, le deuxième groupe au Canada.

«Ce n'est pas parce que le prix de l'or bat des records que nos 26 mines peuvent, du jour au lendemain, en produire plus, déclare le porte-parole de Barrick Gold. Ce n'est pas comme un robinet, il ne suffit pas de l'ouvrir pour que ça coule.»

Néanmoins, Barrick et Newmont prévoient que leur production va continuer d'augmenter en 2010, d'environ 7% pour le premier, de 5% à 10% pour le second.

«En général, après la découverte d'un gisement économiquement viable, il faut de sept à 10 ans avant qu'il entame sa production», rappelle pour sa part Omar Jabara, de Newmont.

Et «aucune découverte importante n'a été faite ces dernières années, malgré les prix plus élevés de l'or et l'augmentation des budgets de prospection et d'exploration», souligne Vincent Borg.

De plus, «la teneur en or du minerai dans les nouveaux gisements a tendance en général à être plus faible que par le passé», note le porte-parole de Newmont.

En 2009, la production minière mondiale devrait augmenter de 3,7%, à environ 2500 tonnes, mais ne satisfaire qu'environ les deux tiers de la demande mondiale. La demande a explosé avec la crise financière, atteignant 3800 tonnes l'an dernier, selon le Conseil mondial de l'or, organisme qui représente les intérêts des grands producteurs.

Historiquement, le déficit sur le marché était comblé par le recyclage d'or et les ventes des grandes banques centrales. Or, depuis la crise financière, ces banques achètent le métal jaune pour protéger leurs réserves monétaires contre la faiblesse du dollar américain.

Ainsi, début novembre, la banque centrale indienne a acheté 200 tonnes d'or au Fonds monétaire international, payant, au prix du marché, environ 6,7 milliards de dollars.

L'or est également convoité aussi bien par de petits investisseurs que par de grands fonds indiciels cotés (ETF), qui y voient un refuge sûr en ces temps d'incertitude.

Avec la production minière, qui est appelée à chuter, une part grandissante de l'offre proviendra de l'or déjà existant -que ce soit sous forme de pièces, de lingots ou de bijoux-, et elle sera par conséquent limitée.

«Tout l'or produit depuis le début de l'humanité ne représente qu'environ 165 000 tonnes, tout juste assez pour remplir deux piscines olympiques», dit le porte-parole de Newmont Mining.

L'or, qui vole de record en record depuis l'an dernier, a atteint lundi 1174$ l'once.