Les entreprises québécoises paient l'électricité moins cher que celles du Nouveau-Brunswick et cet avantage concurrentiel disparaîtra si Hydro-Québec réussit à faire l'acquisition d'Énergie NB. Mais le premier ministre Jean Charest estime que l'économie du Québec n'en souffrira pas.

«Nous sommes prêts à concurrencer avec les entreprises du Nouveau-Brunswick», a soutenu le premier ministre hier à Montréal, après s'être adressé aux membres de l'Association de l'industrie électrique du Québec.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a voulu que les entreprises de la province profitent d'une baisse de 30% de leurs tarifs d'électricité pour égaler ceux en vigueur au Québec, une fois la transaction avec Hydro-Québec conclue. «Nous ne nous sentons pas menacés par ce choix», a lancé M. Charest.

Ce traitement de faveur pour les entreprises du Nouveau-Brunswick a toutefois mis le feu aux poudres dans la province, parce que les consommateurs résidentiels devront se contenter d'un gel de leurs tarifs. La vente d'Énergie NB à Hydro-Québec fait face à une opposition croissante au Nouveau-Brunswick, mais Jean Charest n'est pas surpris par son ampleur. «Je m'attendais à ce qu'il y ait un débat au Nouveau-Brunswick, on s'y attendait», a-t-il dit.

Charest confiant

Même si l'opposition se manifeste au sein même du gouvernement qui a conclu l'entente, M. Charest pense que la transaction ne déraillera pas. «Je suis confiant parce que l'entente est à l'avantage du Nouveau-Brunswick et à l'avantage du Québec. Il y a un élément de bon sens dans ce qu'on est en train de faire. La vraie question à se poser au Nouveau-Brunswick est: quelle est l'alternative? C'est vraiment une question que les gens au Nouveau-Brunswick auront à se poser.»

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick continuera de contrôler l'avenir énergétique de la province, a-t-il plaidé. En Nouvelle-Écosse, la production d'électricité appartient à une entreprise privée et le gouvernement continue de décider de ses politiques énergétiques, a-t-il illustré. «La même chose va être vraie pour le Nouveau-Brunswick.»

Le premier ministre a répété que des négociations formelles ont commencé avec l'Île-du-Prince-Édouard pour conclure une entente similaire. La plus petite province du Canada n'est pas un grand marché (à peine 100 mégawatts), mais elle permettrait à Hydro d'agrandir son réseau et de rejoindre les Îles-de-la-Madeleine.

Relier les Îles-de-la-Madeleine

«Tout compte. D'autant plus que l'Île-du-Prince-Édouard pour nous, c'est un pas de plus vers la construction d'une ligne sous la mer qui ira aux Îles-de-la-Madeleine.»

Les Îles-de-la-Madeleine ne sont pas raccordées au réseau d'Hydro-Québec et la société d'État les alimente avec une centrale au mazout coûteuse et polluante.

Avec l'Île-du-Prince-Édouard, le Québec et le Nouveau-Brunswick se rapprochent aussi du projet carrefour énergétique cher au premier ministre Shawn Graham, du Nouveau-Brunswick, a fait savoir Jean Charest.

Aucune discussion n'est dans l'air avec la Nouvelle-Écosse pour étoffer ce carrefour énergétique. «Déjà, avec le Nouveau-Brunswick et l'Île-du-Prince-Édouard, ça va nous garder beaucoup occupés.»