Le secrétaire général de l'OPEP, Abdallah el-Badri, a indiqué jeudi à Londres que ses pays membres prendront la décision d'augmenter la production» en décembre si quatre conditions (signes de reprise persistants, prix toujours élevés, stocks en baisse et fin du stockage en mer) sont réunies.

Le dirigeant de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole s'exprimait à Londres devant quelques journalistes, alors que le baril de pétrole vaut autour de 80$, un plus haut depuis un an.

«Si les prix continuent (à être élevés, ndlr), si nous voyons les stocks revenir au niveau normal, si nous voyons une véritable croissance de l'économie mondiale, alors je suis sûr que nos pays membres prendront la décision d'accroître la production» à la prochaine réunion du cartel prévue le 22 décembre à Luanda (Angola), a-t-il prévenu, affirmant que ces pays «n'hésiteraient pas» à prendre une telle décision.

Il a ajouté qu'en plus d'une baisse des stocks terrestres, l'OPEP souhaitait voir «disparaître le stockage flottant» avant d'augmenter sa production.

Le pétrole a été largement stocké sur des pétroliers en mer pendant la crise.

Inversement, «si les stocks restent à plus de 60 jours (de consommation dans l'OCDE), si on voit toujours 125 millions de barils stockés en mer, si la croissance mondiale n'est pas vraiment forte, pourquoi augmenterions-nous la production?» a-t-il lancé.

Il a fait part des inquiétudes de l'Opep sur les zones d'ombre persistantes de l'économie mondiale, citant le chômage élevé en Europe et aux États-Unis, mais aussi l'ampleur des déficits publics.

«Nous serions plus à l'aise si nous pouvions voir le secteur privé jouer un rôle plus grand dans la reprise», a-t-il précisé.

Le secrétaire général de l'organisation a par ailleurs annoncé que l'augmentation des cours du pétrole - qui n'ont cessé de se redresser depuis le début de l'année, jusqu'à atteindre cette semaine 80$, une première en un an - avait permis la relance de projets d'exploration et de production suspendus pendant la récession.

Sur 35 projets ajournés fin 2008, en raison du manque de liquidités et de l'effondrement des cours du brut, «7 projets d'une capacité de 1,2 million de barils par jour (mbj) ont été relancés», a-t-il déclaré.

M. el Badri s'est refusé à préciser la localisation de ces projets, se contentant d'indiquer qu'ils étaient «disséminés parmi tous les pays» de l'organisation.

«Je suis sûr, qu'avec ces prix (un pétrole autour de 75$), les projets restant seront relancés» à court terme, a-t-il ajouté, précisant que l'amélioration des conditions de crédit rendait elle aussi de nouveau possibles les investissements.

Interrogé sur l'hypothèse d'un abandon du dollar comme monnaie des échanges pétroliers, M. el Badri a répondu: «La décision de passer d'une monnaie à une autre n'est pas facile, à cause du commerce international, à cause des réserves (monétaires) détenues par les pays membres» de l'Opep.

«Si (les pays de l'Opep) voulaient changer, la seule monnaie qui puisse absorber (cette transition) est l'euro. Mais l'euro ne domine pas suffisamment le commerce mondial» pour que cela se produise, a-t-il précisé.

À l'approche du sommet sur le climat de Copenhague, en décembre, M. el Badri s'est inquiété de l'impact, potentiellement négatif pour les producteurs de pétrole, des mesures visant à réduire les émissions de carbone.

«Copenhague ne doit pas affecter le développement des pays émegents», s'est-il alarmé, souhaitant que les négociations aboutissent à un accord «gagnant-gagnant» pour tous les États.