Une pilule empoisonnée, une guerre d'échéancier et des propos durs: la course pour le contrôle de Canadian Royalties prend des allures de thriller financier.

La minière québécoise a invité hier ses actionnaires à une assemblée extraordinaire le 30 septembre prochain. Le but: les convaincre d'adopter une pilule empoisonnée qui empêcherait Jien Canada de l'avaler*. Jien Canada est une coentreprise formée par Jilin Jien, propriété du gouvernement chinois, et de la minière de Vancouver Goldbrook. Le groupe a déposé une offre hostile le 10 août dernier.

Le hic: le vote demandé par Canadian Royalties pourrait arriver trop tard. L'offre de Jien prend fin le 15 septembre. Si les actionnaires et les détenteurs de débenture choisissent de l'accepter, ils pourront le faire avant que la pilule empoisonnée ne soit adoptée. Canadian Royalties a donc imploré de nouveau ses actionnaires de refuser les offres. «En acceptant l'argent comptant, les porteurs de titres vont perdre le droit de participer à la croissance de l'entreprise», a plaidé Glenn Mullan, président du conseil et chef de la direction.

L'entreprise est à la recherche d'un autre grand producteur de nickel qui viendrait faire une offre supérieure ou fournir les fonds nécessaires au développement de l'entreprise. Canadian Royalties avait commencé à bâtir une mine de nickel dans l'extrême nord du Québec, mais avait dû interrompre sa construction à cause de la crise financière.

Dans un communiqué récent, Jien a affirmé que «Canadian Royalties se limite à l'entretien du projet Nunavik Nickel sans prendre aucune mesure pour avancer son développement» et a déploré l'idée d'une pilule empoisonnée.

Notons que la Caisse de dépôt détient près de 30% des débentures visées par l'offre de Jien et pourrait faire pencher la balance.

L'action de Canadian Royalties n'a pas bougé hier et a clôturé à 56 cents, sous l'offre de 60 cents faite par Jien.

 

* La pilule empoisonnée

Une pilule empoisonnée est une mesure adoptée par les entreprises pour contrer une offre hostile. Celle que propose Canadian Royalties à ses actionnaires vise à déclarer l'offre de Jien «non permise» parce qu'elle donne moins de 60 jours aux porteurs de titre pour se décider. La suite: en cas d'offre «non permise «, permettre à tous les actionnaires (sauf ceux qui ont fait l'offre) d'acheter des actions «à un escompte considérable «. En clair, cela revient à augmenter le nombre d'actions en circulation à un point tel que Jien ne pourrait plus acheter l'entreprise.